En 1832, l’année durant laquelle se déroulent les faits figurants dans le roman de Giono paru en 1951, la situation est critique. Une épidémie meurtrière de choléra ravage d’abord la région parisienne puis le sud de la France. En Italie du Nord la présence autrichienne alimente une montée du nationalisme italien qui aboutira bien des années plus tard à l’unification de l’Italie sous l’impulsion décisive de Garibaldi. Le roman de Giono a été adapté magistralement à l’écran par Jean-Paul Rappeneau. Coexistent dans le film trois histoires, l’épidémie de choléra, la longue chevauchée d’un hussard italien qui doit rejoindre son pays avec de l’or collecté auprès des émigrés italiens pour financer la rébellion contre l’Autrichien et enfin une admirable histoire d’amour non-dite et inachevée entre ce hussard et la jeune épouse d’un noble plus âgé qu’elle qui, fuyant le choléra, se retrouve sur la route du hussard italien en fuite vers l’Italie.

Le Colonel de hussards Angelo Pardi est incarné par Olivier Martinez et Madame de Théus par Juliette Binoche. Si Rappeneau a un peu trop insisté sur la gravité de l’épidémie en filmant des cadavres dévorés par des freux, allusion évidente au célébrissime film d’Hitchcock « Les Oiseaux » inspiré d’un roman de Daphné du Maurier, il apparaît cependant une autre histoire d’actualité : l’attitude des individus et des foules confrontés à l’épidémie, la suspicion, la crainte, la délation, les gestes barrière, les confinements ou quarantaines, la peur omniprésente et parfois le désespoir, exactement ce que des peuples européens viennent de vivre avec l’épidémie de coronavirus. Sans oublier la perte de liberté de déplacement étroitement surveillée et appliquée impitoyablement par les dragons, la police de l’époque. Comme Camus dans « La peste » Giono a bien pressenti à quel point l’être humain devient vulnérable quand il a peur car il devient incapable de réfléchir clairement. Angelo Pardi ne craint pas l’épidémie ni la contagion et il réagit à chaque instant sainement. Madame de Théus, subjuguée par la personnalité et l’esprit décisif de ce jeune homme, ne craint pas non plus la contagion bien qu’elle risque de succomber à son tour et n’est sauvée qu’à la dernière minute par le hussard.
À voir ou revoir ce magnifique film d’une actualité brûlante. Illustration capture d’écran (de mauvaise qualité).
Merci pour cette critique, éloigné de France et des écrans je n’ai pu voir ce film réalisé par u!n metteur en scène que j’aime et à qui on doit, »les Mariés de l’An 2″ « Le Sauvage » et Cyrano de Bergerac entre autre.