La controverse Claude Allègre et ses conséquences

Au début de l’année 1998 le Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche vint visiter le laboratoire mixte CNRS-Rhône-Poulenc Agrochimie où je terminais mes derniers travaux puisque j’allais quelques mois plus tard démissionner du CNRS. J’effectuais des mesures de cinétique enzymatique et Claude Allègre, curieux, me demanda de lui expliquer dans le détail ce que je faisais précisément. Je garde le souvenir d’un homme affable, pas du tout auréolé de sa superbe de Ministre et encore moins de son passé de prestigieux géophysicien mondialement célèbre. Pour la bonne compréhension du texte qui suit, tirée de l’oeuvre de Patrice Poyet (lien en fin de billet), il faut également rappeler ici brièvement les carrières de Claude Lorius et de Jean Jouzel. Lorius, glaciologue, a été l’un des premiers scientifiques à s’intéresser aux gaz emprisonnés dans les glaces du Groenland et de l’Antarctique et Jouzel débuta sa carrière de climatologue aux côtés de Lorius à la fin des années 1960. La suite de ce billet est largement inspirée de l’ouvrage de P.Poyet.

Si des raisonnements douteux voire tordus peuvent conduire à la réussite académique et à la visibilité dans les prétendues meilleures revues, dire la vérité n’a pas beaucoup de succès. Par exemple Allègre a été indûment critiqué pour avoir osé mettre par écrit ce qui apparaît cette fois comme un raisonnement scientifique clair mais qui ne correspond à rien de politiquement correct et qui n’aide pas les laboratoires impliqués dans ces recherches à se financer, ainsi que toutes les ONG, associations comme le WWF ou bien à continuer à injecter de l’argent dans leurs affaires, ni aider les bureaucrates à renforcer leur emprise et leur pouvoir sur la population mondiale et mettre la main sur le précieux butin dont ils ont besoin, disent-ils, pour éviter la crise et la catastrophe qu’ils annoncent et qui les rendront indispensables (Poyet, pp.280 sq., lien en fin de billet).

« La teneur en CO2 de l’atmosphère a augmenté au cours des 100 dernières années, et en revanche la température mondiale a fluctué au cours des 100 dernières années, tout comme elle a fluctué au cours des derniers millénaires, à des moments où le CO2 atmosphérique était hors de question. Les températures de surface fluctuent avec des oscillations de l’ordre de trente ans, tandis que les niveaux de CO2 augmentent de façon monotone depuis la fin du XXe siècle, avec des variations saisonnières. La fameuse égalité chère aux tenants du réchauffement climatique – variation de température = variation de teneur en CO2 atmosphérique – est donc tout simplement fausse. La fameuse courbe en crosse de hockey est fausse. L’argument massue d’Al Gore qui a frappé le plus durement les politiciens et les médias est faux. Les affirmations d’Al Gore, qu’il a présentées comme … des évidences, sont toutes fausses. Pour autant, cela ne veut pas dire, dites-vous, qu’il n’y a pas de relation entre la teneur en CO2 et la température moyenne du globe … Précision importante : aux teneurs actuelles de 380 ppm de CO! … Si cette relation existe, elle est complexe, avec des phénomènes de retard, de décalage, de déphasage. Peut-être qu’il n’y a pas non plus de relation ! Utiliser une fausse corrélation pour promouvoir une idée est une imposture. J’assume ce mot parce que c’est un abus de la confiance du public par les scientifiques. Les données historiques pour tenter de démontrer l’existence d’un réchauffement climatique continu clairement lié à l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère sont donc, en l’état actuel des choses, nulles et non avenues. Je fais valoir cela depuis plus d’une décennie, simplement en regardant comment ces données ont été obtenues et en utilisant mon expertise en traitement de données géophysiques ou géochimiques », Claude Allègre (2010).

Enfin, nous allons voir comment le récit est écrit et en quoi cela n’a rien à voir avec la science. Gérard Mégie était à la tête du CNRS jusqu’à sa mort prématurée en 2004 et promouvait de manière très agressive la théorie AGW (anthropogenic global warming). Rappelons comment Allègre (2010) rappelle la manière dont Jouzel a reçu la médaille d’or CNRS en 2002 : « Spécialiste de l’atmosphère, Gérard Megie est devenu président du CNRS en 2000. Il veut honorer sa discipline de la médaille d’or du CNRS, la plus haute distinction scientifique décernée à un Français. C’est humain. Il a choisi Claude Lorius, mais ce dernier est à la retraite. Il a donc nommé Jean Jouzel, qui travaillait avec Lorius depuis dix ans, mais qui appartenait à son propre laboratoire ! Mais quand on donne une médaille scientifique, l’habitude est de dire pourquoi. C’est ce qu’on appelle « écrire une citation ». Gérard Megie écrit donc la citation suivante: «… Pour avoir montré l’influence de l’homme sur le climat ». Ce prix associe de manière irréversible Jean Jouzel à la « cause » du réchauffement climatique provoqué par l’homme via le CO2. Supposons que l’on montre que le CO2 d’origine humaine n’a aucune influence sur le climat : cette médaille d’or serait injustement sous-estimée. Jouzel se croit donc lié à la théorie dominante, et il va désormais la défendre contre toute attente. C’est-à-dire, même contre les preuves. Qu’a dit Jouzel alors? Il a signé un papier, ajoutant que le résultat ne prouvait pas que le CO2 n’avait aucune influence (ce qui est bien sûr évident). Il cherchait des explications exagérées. Et le malheureux chercheur qui avait fait cette découverte essentielle a été versé dans le corps des techniciens et ingénieurs de recherche. Jouzel, pour sa part, continue à ce jour, sur toutes les télévision, de proclamer la coïncidence entre le CO2 et les fluctuations de température, le tout présenté comme la preuve que le CO2 est bien la première cause des variations climatiques ». Claude Allègre (2010).

De manière assez drôle, dans les années 1970, Jean Jouzel et Claude Lorius pensaient plutôt que la Terre était au début d’une nouvelle période de glaciation. Selon Jouzel, « les trois périodes interglaciaires précédentes avaient duré environ 10 000 ans, la nôtre approchait de 12 000 ans, et depuis qu’il y avait eu un léger déclin dans les années 60-70, on envisageait de se refroidir ». Lorius aussi d’ailleurs. Au moins ils auront eu raison une fois, reste à voir quand.

Que nous apprend le graphique ci-dessus (P. Poyet, page 98, référence en fin de billet) ? Il s’agit de la représentation de l’ensoleillement à 70 degrés de latitude nord exprimée en giga-Joules par mètre carré reconstituée à partir des études isotopiques des sédiments marins depuis huit-cent mille ans dont ont été définis des stades isotopiques (MIS, marine isotopic stage), les abondances d’isotopes carbone-13 et surtout oxygène-18 étant étroitement dépendants de l’ensoleillement qui détermine la croissance du plancton photosynthétique. Ces travaux pour lesquels Claude Allègre fut l’un des précurseurs ont permis de déterminer avec précision qu’au cours d’un cycle de Milankovitch, soit 100000 ans, il y avait en moyenne deux périodes de glaciation. Oubliez le CO2 d’origine humaine, ces cycles sont une conséquence de la mécanique céleste ! Il ressort de ces études que le début d’une nouvelle ère glaciale est corrélé au seuil de l’énergie solaire reçue à 70°N, seuil égal à 250 Watts par mètre carré ou 4,96 GJ par mètre carré. Or la période interglaciaire MIS1 (Holocène) que nous vivons aujourd’hui a déjà dépassé ce seuil. En d’autres termes nous sommes déjà entré dans une nouvelle ère glaciaire. C’est une vérité dérangeante dont il ne faut pas parler. Rien ne pourra arrêter le refroidissement du climat fort heureusement progressif permettant à l’humanité de s’y préparer. Seule la région terrestre intertropicale sera épargnée

Préférant les honneurs et la renommée pour satisfaire les attentes des dominants , se conformer à des contorsions à la pensée unilatérale est un terrible compromis car cela sacrifie un héritage scientifique sur l’altération de l’intégrité intellectuelle. Il est si typiquement humain de préférer une récompense immédiate que d’avoir des ennuis et des problèmes durables pour contredire le pouvoir dirigeant, rappelant que non, l’influence de l’homme sur le climat n’a jamais été démontrée et pas seulement cela, mais l’article de Caillon et al. (2003) que Jouzel a signé et était à juste titre considéré comme une découverte importante, montre juste le contraire du postulat de base de la théorie de l’AGW, en démontrant que le CO2 suit la température d’environ 800 ans (voir note à la fin de ce billet). Ce fait ne surprendra certainement pas le lecteur attentif de ce livre électronique. Le CO2 est toujours en retard par rapport à la température à toutes les échelles de temps (selon et en fonction des résolutions disponibles des processus observés). William Henry, auteur de la loi de dissolution des gaz dans l’eau, restera longtemps dans les mémoires pour avoir fourni la bonne réponse en 1803 à cette question, tandis que d’autres et leurs positions opportunistes s’évanouiront dans l’oubli des idées incongrues qui auront déclenché à un moment donné la colère des citoyens victimes de ces stupidités. L’histoire pourrait même s’en souvenir davantage pour la dernière raison que pour toute autre …

Largement inspiré de PoyeetP.2020. TheRationalClimatee-Book-ISBN978-99957-1-929-6.pdf disponible en ligne

Autres références. Allègre, C., 2010. L’imposture climatique ou la fausse écologie – Conversations avec Dominique de Montvalon. Plon, http://www.plon.fr, ISBN : 978-2-259-20985-4, 295 pp.

Caillon, N., Jeffrey, P., Severinghaus, P., Jouzel, J., Barnola, JM., Kang, J., and Lipenkov, V. Y., 2003. Timing of Atmospheric CO2 and Antarctic Temperature Changes Across Termination III. Science, vol. 299, n°5613, p. 1728-1731, DOI: 10.1126/science.1078758

https://en.wikipedia.org/wiki/Milankovitch_cycles

Note. Selon Caillon et al (ref. ci-dessus) le délai entre réchauffement du climat et augmentation de la teneur en CO2 atmosphérique est de 800 ans. Ce délai est largement le fait de l’inertie thermique des océans. Il y a 800 ans le Terre vivait un optimum climatique dit médiéval et les températures moyennes étaient de plus de 2 degrés supérieures à celles d’aujourd’hui. L’augmentation actuelle du CO2 atmosphérique ne serait-elle pas une conséquence de cet optimum climatique médiéval ?

2 réflexions au sujet de « La controverse Claude Allègre et ses conséquences »

  1. La preuve de l’innocence du CO2 par son acte d’accusation Claude Brasseur 27-3-21

    Dans des écoles, les élèves mesurent la culpabilité du CO2 par un dispositif qui témoigne de son innocence ! On leur montre un récipient, le fond peint en noir, chauffé par une lampe. Cette lampe reproduit un peu la position et le spectre solaires. Un thermomètre, à l’abri dans le fond du récipient, chauffera plus vite et plus fort si l’on a versé du CO2 (gaz « lourd ») dans le récipient à la place de l’air. (1) Le CO2 chauffe  l’atmosphère! CQFD

    Si on pense à remplacer le CO2 par l’argon – qui a à peu près la même masse atomique que le CO2 – on observe quasi la même élévation de température que celle obtenue avec le CO2 : argon aussi coupable que CO2 ! Il y a 25 fois plus d’argon dans l’atmosphère que de CO2….. (2)

    Le professeur qui a monté l’expérience devrait s’étonner de ce qu’avec ses rares raies d’absorption le CO2 chauffe tant. Bizarre…

    Et rien ne va plus si on compare le CO2 à l’argon : le fort échauffement est le même alors que l’argon est quasi parfaitement transparent ; il n’a pas de raie utile. Vrai que Mme Eunice Newton, dont on copie l’expérience de 1848 dans les écoles, ne connaissait pas l’argon…..

    Mais il y a infiniment plus important. Nous observons dans les 3 cas (air, CO2, argon), que la chaleur quitte le récipient par convection-conduction et non par rayonnement ! Ceci comme le mesure Wood en 1909 (3). Même si ces observations se compliquent à grande échelle, il reste que dans notre atmosphère dense où s’applique la loi de Boyle Mariotte (4), la chaleur du sol ne s’évacue pas (peu !) par rayonnement.

    Pour illustrer cet exposé, il suffit de penser au cas de Vénus avec ses 96,5 % de CO2 et une pression au sol de 93 atmosphères. Remplaçons, en esprit, le CO2 et les 3,5 % de gaz divers par 100 % d’argon. Notons que l’albédo est supposé stable. Notre « expérience » prédit une température presque identique à l’actuelle (750K) avec l’argon. Par contre, n’ayant pas de raie utile, l’argon devrait faire baisser la température vénusienne selon le « consensus » actuel, ce que notre récipient contredit. Le « consensus » est donc faux.

    Notons qu’à mes hôtes curieux, je présente l’expérience de Wood (1909) qui permet de mesurer que la chaleur ne s’évacue pas par rayonnement au niveau du sol, mesure faite avec tous les contrôles et précisions nécessaires (pour 100 euros de matériel). (5)

    Pour terminer, le 23 mars 2020 à 10h, à Rochefort (Belgique), la température du sol atteignait 30°C en plein soleil et que le même thermomètre à infrarouge indiquait -40°C au zénith ! 70° d’écart. L’atmosphère est un bon isolant et la conduction-convection, évapocondensation évacue la chaleur vers la stratosphère où elle peut rayonner vers le vide. La conclusion ne peut être que celle-ci : la théorie du « consensus » en matière de « réchauffement climatique anthropique » est vraiment et totalement fausse. (6) Qu’il y ait échange de rayonnement thermique entre le sol et l’atmosphère, ainsi que dans l’atmosphère même, n’y change rien.

    (1) S.B. Lueddecke, Greenhouse effect in the classroom
    (2) P.Wagoner e.a., Climate Change in a Shoebox : right result, wrong physics
    (3) Nasif S.Nahle, Reproductibilité de l’expérience du professeur Robert W.Wood en 1909 sur l’effet de serre.
    (4) Robert Ian Holmes, Molar Mass Version of the ideal gaz law points to a very low Climate Sensitivity
    (5) Le contenu du kit peut être demandé
    (6) https://laphysiqueduclimat.fr de J.M.Moranne et Camille Veyres

  2. Excellent article qui retrace parfaitement la dérive politico ecologiste de la science climatique ; j’ai côtoyé Claude Allègre dans des travaux et thèses de géologie dans les années 80 et gardé par la suite des contacts internet quand la science climatique a commencé à dériver ; il est dommage que son accident cardiaque de 2013 ai freiné son implication dans ce domaine ; la derniére fois que je l’ai rencontré c’était à la contre COP 2021 organisée par les climato réalistes en décembre 2016 ; il était très diminué et je n’ai pas de nouvelles depuis ; mais pas de nouvelles , bonnes nouvelles
    frederic sommer

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