Réflexion libre sur l’actualité, les cas de Trump et Jack Ma

Le Chinois Jack Ma a disparu de la circulation et les médias bien-pensants n’osent pas trop commenter cette nouvelle qui après tout ne concerne que la Chine et les Chinois. Les commentateurs se perdent en conjectures. Pourtant cette information mérite une analyse compte tenu des évènements récents qui ont enflammé la ville de Washington et tous les médias du monde. Il y a quelques mois le Président Trump a laissé entrevoir que certains « GAFAM » enfreignaient la loi dite anti-trust américaine (Clayton Act, 1914) et qu’il était nécessaire de légiférer afin de réduire la puissance de ces sociétés privées. À la suite des évènements du 6 janvier 2021 le Président Trump a été interdit de parole par Google, Facebook, Twitter et d’autres canaux (illustration).

C’était une revanche des GAFAMs qui n’ont pas l’intention d’être dérangés dans leurs affaires par la nouvelle administration démocrate, car le message s’adressait aussi aux Démocrates. Il s’adressait également à tout pays manifestant une certaine hostilité à l’égard de ces entreprises privées qui ont acquis une puissance telle que plus aucun Etat ne peut les contrôler. Cependant certaines administrations des Etats-Unis collaborent avec ces entreprises pour la collecte de données concernant les citoyens anonymes. On se trouve donc, dans un pays dit démocratique comme les USA devant un paradoxe. L’activité de ces groupes, les GAFAMs, arrange le gouvernement américain mais leur puissance financière est dérangeante, et quand un pays comme la France s’estime en droit de taxer les bénéfices réalisés par ces mêmes groupes sur le sol français, le gouvernement américain se rebiffe, à n’y rien comprendre. C’est pourtant limpide, une démocratie ne peut plus gérer de tels puissances technologiques et financières tout en collaborant sous le manteau avec elles.

La Chine a pressenti ce danger lorsque Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, a décidé d’une IPO (introduction en bourse) de la filiale Ant de ce groupe. Alibaba est le pendant d’Amazon en Chine et dans de nombreux pays d’Asie avec plus d’un milliard de clients et Ant est le concurrent direct de Visa et MasterCard avec sa plateforme Alipay. Alibaba et Ant sont deux monstres dont le pouvoir financier devait, d’une manière ou d’une autre, inquiéter le gouvernement chinois. Les projets d’extension de l’activité de Ant en Europe et en Amérique du nord n’ont probablement pas plu au gouvernement central chinois pour toutes sortes de raisons. On peut citer un embryon de collaboration avec Visa et MasterCard et l’implantation d’Alipay dans « trop » de pays. Les projets d’extension de Ant vers des services financiers n’ont pas non plus été du goût des dirigeants de Pékin car la monnaie, qu’elle soit scripturale, électronique ou fiduciaire, est le premier pouvoir régalien d’un Etat. Si un Etat perd le contrôle de sa monnaie, il perd une grande partie de sa souveraineté.

Les velléités de Jack Ma de développer les activités financières de Ant et le projet d’IPO ont probablement déplu – à juste titre – au gouvernement central de Pékin, c’est peut-être la raison de la disparition des radars de Jack Ma et ceci s’explique car la Chine n’est pas une démocratie contrairement aux Etats-Unis dont le Président, toujours en fonction jusqu’au 20 janvier s’est vu interdit de séjour par Zuckerberg et d’autres magnats des GAFAMs. En Chine ces individus seraient probablement en prison.

Au terme de cette courte réflexion on peut penser ce que l’on veut de la Chine et de son régime politique mais il y a un point qui mériterait d’être développé : la lente, mais certaine, dérive des démocraties européennes vers le totalitarisme. Souvenez-vous que dans les années 1930-1940 il fallait plus des doigts d’une main pour dénombrer les régimes dictatoriaux en Europe : la Russie soviétique, l’Allemagne, l’Autriche, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, la Croatie et dans une moindre mesure la Norvège et la France … Le démon du totalitarisme n’est pas mort et il peut renaître à tout moment.

6 réflexions au sujet de « Réflexion libre sur l’actualité, les cas de Trump et Jack Ma »

  1. Ajouter Apple / App Store (et Amazon ?) aux plateformes listées :
    « Apple a supprimé l’app Parler de l’App Store. »
    […]
    « L’application, qui a caracolé en tête du classement de la boutique d’Apple, ne peut donc plus être téléchargée. En revanche, ceux qui l’ont téléchargé avant le bannissement sont toujours en mesure de s’en servir. »
    […]
    Quoique…
    « Les utilisateurs de Parler risquent de rencontrer de sérieuses difficultés dès ce dimanche : Amazon a en effet décidé de couper l’accès aux serveurs AWS qui hébergent le service. À moins de trouver un nouvel hébergeur dans les prochaines heures, Parler risque bien d’être complètement inaccessible. »
    https://www.macg.co/ailleurs/2021/01/apple-menace-de-supprimer-lapp-dextreme-droite-parler-le-compte-twitter-de-donald-trump-suspendu-118947

  2. Ping : Réflexion libre sur l’actualité, les cas de Trump et Jack Ma | Qui m'aime me suive...

  3. Bonsoir.
    Deux choses: tout d’abord, j’apprécie d’amalgamer l’URSS, pays où une révolution populaire (j’insiste sur le mot!) à porté au pouvoir un système, qui n’a d’autre ressource pour s’opposer à la dictature de la bourgeoisie, que d’imposer « la dictature du prolétariat » (même si celle-ci a été dévoyée); aux dictatures d’extrème droites, imposées par une oligarchie ultra minoritaire aux peuples. Vous avez oublié de citer en priorité l’Italie fasciste, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, alors que la Croatie n’existait pas: c’était la Yougoslavie.
    Pour la dictature de l’oligarchie, c’est une réalité ancienne, je vous renvoie aux ouvrages d’Annie Lacroix-Riz qui décrit si bien le fonctionnement de tout cela. Entre autre, le fait qu’avant guerre tout les gouvernements de la République Française devaient passer sous les fourches caudines des régents de la Banque de France (qui était privée à l’époque), même Léon Blum en 36. Pas de souci, nous y sommes de retour, et la liberté d’expression est le cadet des soucis de ces gens là. Voir la censure pratiquée systématiquement à l’UPR, et son fondateur, ou aux travaux de l’historienne précitée.
    Cordialement. Bernard

    • Je voulais mentionner la Croatie en 1941 après l’invasion du royaume de Yougoslavie par l’armée allemande qui fut un Etat fasciste éphémère indépendant mais pro-nazi dominé par les Oustachis. À la fin de la guerre l’ex-royaume serbe fut en quelque sorte reconstitué par Tito, un communiste modéré qui eut l’intelligence de réconcilier (en apparence au moins) des peuples que leur longue histoire opposait, langues, religions et coutumes …

  4. « Tito, un communiste modéré »
    Après sa rupture avec Staline (~1947), il eut droit, de la part des soviétiques et autres communistes orthodoxes, à des appellations choisies telles que… « hyène puante », « vipère lubrique », etc…
    Jacques Duclos (cadre du PCF), utilisera ce terme, parmi d’autres, pour nommer le dirigeant yougoslave : Titler (contraction de Tito+Hitler).

    • Ahhh… Jacques… (Duclos), son bel accent rocailleux, qui ne masquait que faiblement son ultra stalinisme dogmatique et brutal .
      Et dire qu’il avait fait plus de 21% à la présidentielle de 1969 !
      Comme quoi, en ces temps là au moins un cinquième des français souhaitaient une dictature, euh pardon une « démocratie populaire ».

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