J’ai encore entendu un analyste économique clamer à nouveau la semaine dernière que les économies comme celles de la France, de l’Italie, de l’Espagne et de bien d’autres pays européens se japonisaient. Qu’entendait-il par là ? Tout simplement que les banques centrales de ces pays imprimaient de l’argent et rachetaient les obligations émises par leurs Etats respectifs et qu’elles déposaient ces dernières auprès de la Banque centrale européenne, c’est du moins c’est ce que j’ai compris. Cet analyste établissait un parallèle avec le système financier japonais qui selon lui procédait à ce type de manipulation monétaire depuis des années ajoutant qu’ « il n’y avait qu’à constater le montant astronomique de la dette de l’Etat japonais ». J’appelle ce genre d’analyse une escroquerie intellectuelle. En effet, prenons le cas de la France qui est officiellement endettée à hauteur de 120 % de son produit intérieur brut. Les réserves de change de la France sont égales à zéro puisque la balance commerciale est chroniquement déficitaire. Le pays a même vu sa balance commerciale agricole déficitaire en 2019 pour la première fois depuis le début des années 1950, une prouesse. Comme la moitié de la dette souveraine de la France est détenue par des non-résidents le pays est donc dans l’obligation d’emprunter sur les marchés pour rembourser ses titres de dette détenus par exemple par le Japon ! À la dette souveraine officielle de la France il faut ajouter tous les « hors-bilan », une entourloupe d’Alain Juppé pour rassurer le chaland car déclarer publiquement que la dette de la France est plutôt proche de 350 % du PIB ferait mauvais genre. Ces hors-bilan comprennent les dettes des entreprises publiques, des départements, des régions, des hôpitaux ainsi que des caisses de retraites des fonctionnaires de l’Etat et des collectivités locales et le montant global est énorme.
Aujourd’hui la dette souveraine du Japon représente, certes, plus de 250 % du PIB du pays mais dans l’exercice comptable du ministère des finances japonais il n’y a pas de hors-bilan, même la colossale dette de Japan Rail est incluse dans le calcul. La balance commerciale japonaise est largement excédentaire, les réserves de devises sont considérables, le Japon détient des quantités massives de T-bonds américains qui sont aussi liquides que le dollar lui-même et les fonds de pension sont tous nantis. Enfin la dette du Japon est détenue maintenant à plus de 90 % par des résidents dont ces fonds de pension. Enfin la BoJ et le Trésor japonais ont fusionné « sur le papier ». Il s’est agi en effet d’une opération comptable blanche, un jeu d’écritures à somme nulle.
J’aimerais bien que l’économie française se « japonise » ! Le seul homme politique français ayant eu le courage de dire haut et fort que la France était en faillite fut Français Fillon. On sait ce qui lui est arrivé pour cet écart de langage. Oui, Fillon avait raison, la France est bien en état de mort économique et financière et les imbécillités à répétition des dirigeants dans la gestion de l’épidémie de SARS-CoV-2 n’ont fait qu’aggraver une situation économique déjà catastrophique. Les dirigeants politiques français n’oeuvrent pas pour le bien de leur pays mais pour celui de leur propre portefeuille, ils sont tous corrompus par le système qui est lui-même corrompu et inefficace en raison de l’omniprésence d’une administration jalouse de ses prérogatives et de ses privilèges. Ce n’est pas ainsi qu’un pays doit être géré. Au Japon si un ministre tente de se faire rembourser une note de taxi ou un repas auquel assistait une personnalité qui ne devait pas être présente il se fait limoger sur le champ. J’aimerais bien que la France se « japonise ». J’aimerais bien que les dirigeants français mettent de l’ordre dans une administration tentaculaire et inefficace, j’aimerais bien que le train de vie de l’Etat soit réduit des deux tiers et que toutes les gabegies, fraudes et ententes entre amis soient dénoncées par la justice, encore faudrait-il que cette justice soit réellement indépendante. J’aimerais bien que la France se « japonise » …
Je partage cette analyse mais je pense qu’il n’y aura pas de japonisation ni même de redressement progressif, seule la falaise de Sénèque devient notre horizon.
Alors la seule question est à quand la chute finale et que va-t-il se passer après ?
« omniprésence d’une administration jalouse de ses prérogatives »
La pandémie de la covid-19 a fait découvrir que nous avions en France :
1 – Le Ministre de la Santé
2 – Le Directeur Général de la Santé
3 – La Direction de Santé Publique France
4 – Le Directeur de la Haute Autorité de Santé
5 – Les Directeurs des Agences Régionales de Santé
6 – Le Directeur de l’Agence Nationale Sanitaire
7 – La Direction de l’Alliance Nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé : Epidémiologie-France
8 – Le Centre National de Recherche Scientifique en Virologie Moléculaire
9 – L’Agence Nationale de sécurité du médicament et de la Santé.
10 – Un grand nombre d’infectiologues parisiens.
Vont être créés :
– Le Haut-Commissariat de Lutte contre les Epidémies
– Le Haut Conseil de Veille Sanitaire
– L’agence Nationale de Sécurité de Logistique Médicale
– 5 000 postes de fonctionnaires supplémentaires.
La médecine française ne croulerait-elle pas sous une administration pléthorique ?
[Recension tirée d’un commentaire de blogue]
Et je suis (presque) sur qu’il en manque…
Plus sérieusement, même si je n’en ai pas fait la recension, il y a un « problème » similaire concernant l’aide sociale à l’enfance, peut-être un peu moins de « strates », mais pas loin.
Et si je parle de ce sujet, c’est que j’ai été trésorier association de prévention spécialisée
il est donc à craindre que dans moult domaines on ait un empilement d’)(in) compétences sur des sujets « sociaux » ;
À Tokyo il y a une enfilade d’immeubles d’une dizaine d’étages le long du parc d’Hibiya situés entre la Diète (le Parlement) et le Palais Impérial. Ce sont les ministères, un point c’est tout. Pas de lambris dorés dans des hôtels particuliers du XVIIIe siècle, pas de faste. Je suis allé dans un de ces immeubles pour obtenir un extrait de naissance de mon petit-fils. À la station de métro de Kasumikaseki part un dédale de couloirs souterrains pour se rendre dans n’importe lequel de ces bâtiments, idem depuis la station Sakuradamon. Pour le reste ce sont les administrations locales des préfectures. Le coût de la vie politique japonaise est réduit au minimum alors qu’en France il s’élève à plus de 15 milliards d’euros par an. Les politiciens ne cessent de rajouter des couches successives pour caser leurs copains. Si au Japon un politicien ou un employé d’une des administrations est suspecté de malversations il est condamné le plus souvent à de la prison : on ne plaisante pas avec les dépenses de l’Etat, entendez les impôts des citoyens …
« il est donc à craindre que dans moult domaines on ait un empilement d’(in) compétences. »
Et ce n’est pas nouveau !
Souvenons-nous de ce que disait de Georges Clemenceau, il y a de cela plus d’un siècle, à propos des fonctionnaires :
« La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts. »
« Les fonctionnaires sont comme les livres d’une bibliothèque, ce sont les plus haut placés qui servent le moins. »
De tout temps les dirigeants des pays ont sans compter rivalisé dans leurs dépenses, il en reste aujourd’hui de nombreux monuments qui font la fierté de leurs citoyens.
Ce qui caractérise la France d’aujourd’hui est qu’effectivement le nombre de ceux qui en profitent est en progression extraordinaire.
Le pire est que ces profiteurs non seulement ne sont pas utiles mais au contraire sont totalement nuisibles et contribuent à l’immobilisme de la France, et ne favorisent, par connivence, que les très grosses entreprises.
Devenir de nos jours artisan ou petit entrepreneur nécessite au bas mot une formation de type Bac+12 compte tenu des toutes les contraintes pondues par ces gens, à compare aux petites entreprises d’après guerre dans le bâtiment, développées par des immigrés Italiens sans aucune formation.
La fRance est de très loin le pays le plus mal en point en europe. Certains pays ont des problèmes de dette et/ou de désindustrialisation ou de déficits chroniques ou de système éducatifs peu performants.
Nous, nous avons tous ces problèmes réunis avec en prime un état de guerre civile larvée mâtinée de guerre de religion.