Il y a 400 ans presque jour pour jour : l’Edit de Pau

En 1589 le roi de Navarre Henri III devient roi de France après avoir abjuré sa religion protestante. On est en pleine guerre civile dans le royaume de France. Les Français s’entretuent pour des histoires de transsubstantiation et de trinité divine. Henri III de Navarre, de sang Bourbon par son père sera sacré roi de France à Chartres sous le nom de Henri IV. Curieusement il restera « propriétaire » de ses domaines d’une étendue considérable s’étendant sur la presque totalité de l’Aquitaine actuelle et comprenant également la principauté d’Andorre. Tout ce sud-ouest plus tard rattaché au royaume de France, nous allons le découvrir, est majoritairement protestant et pour apaiser son peuple et surtout ses sujets de ce grand Sud-Ouest, Henri IV restant au fond de lui-même un protestant convaincu mettra en place l’Edit de Nantes en 1598 deux ans avant son assassinat par un catholique fanatique. Cet édit obtenu après de multiples péripéties mettra fin à la sanglante guerre de religion qui dura trente ans et ravagea la France. Un calme relatif s’instaurant le roi entreprend une série de réformes économiques et, comme les Français ont toujours su le faire, la prospérité revient dans un royaume apaisé. L’essor des arts et des lettres, de l’artisanat et du commerce vont faire renaître une France dévastée par cette guerre fratricide ponctuée de massacres tous aussi écœurants les uns que les autres.

Approchant de la cinquantaine et sans héritier, son union avec Marguerite de Valois (dite la Reine Margot) est sans descendants, Marguerite s’exile dans un château dans le Massif central et rendra l’âme en 1615, Henri IV obtient l’annulation de son mariage par le pape et à la suite du décès de sa compagne Gabrielle d’Estrée qui n’est pas de sang royal le roi épouse Marie de Médicis en la cathédrale Saint-Jean de Lyon en 1600 avec laquelle il aura un héritier mâle très rapidement, le futur roi Louis XIII. Passons sur les qualités de négociateur de Henri IV en pleine guerre de religion mêlant la diplomatie et les jupons (et de nombreux enfants illégitimes mais l’histoire est très diserte à ce sujet), il restait cependant la question du domaine personnel de Henri IV, l’ancien Henri de Navarre, assassiné en 1610. De multiples négociations complexes et à rebondissements aboutiront finalement à l’édit de Pau finalisé au début du mois d’octobre 1620 peu après l’accession au trône royal de Louis XIII après dix années de régence assurées par Marie de Médicis. Cet édit sera promulgué le 19 du même mois. Tout en préservant une certaine autonomie législative au Parlement de Pau ce document rattache de fait l’ensemble du domaine du « roi de Navarre » au royaume de France. Ces domaines comprenaient la Basse-Navarre, le Béarn, le Donezan et quelques marquisats aux confins de l’actuelle région Aquitaine ainsi que la principauté d’Andorre. À ce domaine du roi de Navarre l’édit de Pau réservera un statut spécial en instituant deux co-princes : le roi de France et l’évêque de Seo de Urgel. Il en est toujours ainsi aujourd’hui, le président de la république française étant co-prince d’Andorre.

Il y a donc 400 ans la France commençait à ressembler à ce territoire d’aspect hexagonal d’aujourd’hui. Le bon roi Henri IV restera celui qui a unifié la France et institué toutes sortes de réformes qui favoriseront par la suite l’essor de l’économie de ce pays. Il faut mentionner tout de même que la dot de Marie de Médicis était constituée de suffisamment de florins-or pour que Henri IV puisse rembourser la totalité de la dette du royaume de France à ses créditeurs qui étaient, ironie de l’histoire, en majorité des Florentins. Il y aurait beaucoup à dire sur la révocation de l’Edit de Nantes par ce mégalomane détestable que fut Louis XIV, le petit-fils de Henri IV, une erreur de ce monarque qui eut des conséquences négatives immenses pour le royaume, mais c’est hors du sujet de ce billet. Il est peu probable qu’un quelconque journaliste ou chroniqueur se hasarde à une mention spéciale à l’occasion de ce quatre-centième anniversaire de l’Edit de Pau, et pourtant …

5 réflexions au sujet de « Il y a 400 ans presque jour pour jour : l’Edit de Pau »

  1. Hors sujet.

    Round up du procès d’Assange par l’Observatoire du journalisme :

    Reprise du procès contre Assange, les six premiers jours
    Le procès a repris le 14 septembre à Londres à Old Bailey. Pour la clarté des débats ne pas confondre le procureur James Lewis QC (Queen Counsel, conseiller de la reine) qui travaille pour l’accusation et l’avocat Eric Lewis qui est témoin de la défense. Source (en anglais) ConsortiumNews qui publie un compte-rendu quotidien des audiences.

    Jour 1, pas d’ajournement et nouvelles preuves

    Mark Summers, avocat de la défense, a demandé un report des audiences à janvier 2021 pour pouvoir préparer la défense, l’accusation ayant changé. La juge Baraister a refusé cette demande. Le procureur a mentionné de nouvelles preuves qui remontent au séjour d’Assange en Islande en 2010. Parmi ces « preuves », le témoignage de deux informateurs du FBI infiltrés auprès d’Assange attestant que ce dernier a aidé Edgar Snowden à fuir de Hong-Kong et a encouragé des tiers à voler des données bancaires et pirater des ordinateurs en Islande. L’avocat Mark Summers a sobrement souligné « Aider un lanceur d’alerte à tenter d’échapper à l’arrestation. Qui peut dire que c’est une activité criminelle ? ».

    Le premier témoin de la défense, le professeur de journalisme Mark Feldstein a été entendu partiellement. Des problèmes techniques ont interrompu sa déposition à distance.

    Jour 2, documents « classifiés » et un témoin qui s’effondre

    Après un incident de procédure où Assange est rappelé à l’ordre, le procureur a tenté d’établir que Assange n’était pas poursuivi pour avoir publié des informations classifiées mais pour avoir publié des noms d’informateurs qui se trouvent dans des documents classifiés. Mark Summers, QC pour la défense, lisant directement l’acte d’accusation d’espionnage d’Assange, montre clairement que les charges dont il est accusé vont plus loin que les seuls documents contenant les noms des informateurs. Il est plutôt accusé de conspiration pour « obtenir des documents, des écrits et des notes liés à la défense nationale ».

    Le professeur Feldstein a défendu fougueusement Assange, affirmant que ses activités sont celles de tout journaliste. Mais il s’est ensuite effondré sous les objections juridiques du procureur qui a marqué un point et réduit son témoignage à peu de choses.

    Jour 3, deux témoins de la défense de poids

    Le premier est le professeur Paul Rogers politologue de l’université de Bradford qui parle en visioconférence. Il soutient que le procès d’Assange est motivé politiquement. « Assange est « un opposant politique qui pourrait subir toute la colère du gouvernement ». Rogers a cité les déclarations d’intention de Jeff Sessions, le premier procureur général de Trump, Mike Pompeo, en tant que directeur de la CIA, et le procureur général William Barr, visant à démanteler WikiLeaks, comme preuves de motivation politique.

    Ensuite Trevor Timm, avocat et directeur de la Fondation pour la liberté de la presse a fait valoir que si la révélation des informateurs peut être contraire à l’éthique elle n’est pas illégale. Leur publication est une décision éditoriale en-dehors de l’autorité du gouvernement. « Le gouvernement ne devrait pas décider si c’était bon ou non. La décision est de savoir si c’est illégal. Cette publication n’était pas illégale, et l’acte d’accusation qui la rendrait illégale criminaliserait le journalisme ». Le procureur s’est alors réfugié derrière l’argument que Assange « n’était pas journaliste ».

    Jour 4, ajournement pour Covid

    Le mari d’une avocate américaine présentant les symptômes du Covid, la juge préfère remettre l’audience de quelques jours.

    Jour 5, l’avocat Eric Lewis entendu

    Après une interruption pour cause de suspicion de Covid 19 d’un avocat les auditions reprennent. Assange est muet et masqué derrière un mur de verre, l’avocat Eric Lewis témoigne par visioconférence depuis l’Italie. Il avait déclaré en 2019 dans The independent qu’il ne souhaitait pas qu’Assange soit extradé, il est entendu comme témoin de la défense.

    Le procureur s’est plaint auprès de la juge Baraitser des limites posées à son contre-interrogatoire, réclamant quatre heures par jour pour ce faire et parlant de « guillotine » à l’encontre de son droit à la parole, il s’est ensuite excusé pour ses propos. Les débats, souvent confus à cause de difficultés de transmission, ont porté sur les conditions sanitaires dans les prisons américaines en cas d’extradition, James Lewis soulignant les bonnes conditions de soins psychiatriques dans ces prisons et déniant à l’avocat toute compétence sur le sujet. L’avocat a indiqué qu’il était témoin et non défenseur et a refusé de détailler quelle serait la défense des avocats d’Assange. L’audience est ajournée à la suite d’une vidéo qui interrompt la visioconférence.

    Jour 6, le Premier amendement en question

    La journée a tourné autour du Premier Amendement de la Constitution américaine, le premier des dix amendements ratifiés en 1791 et connus comme la Déclaration des Droits. Il interdit au Congrés d’adopter des lois limitant la liberté de religion et d’expression et la liberté de la presse.

    Eric Lewis a affirmé que les journalistes ne peuvent pas être poursuivis en vertu de la loi sur l’espionnage. Il a souligné que cela n’avait jamais été fait auparavant en vertu du Premier amendement. Sans surprise le procureur a plaidé en faveur d’une conception restreinte du droit à la liberté d’expression et du droit du public à l’information qui « ne sont pas absolus » et peuvent être limités si la divulgation d’informations de défense nationale pouvait menacer la sécurité nationale.

    Un échange musclé a eu lieu quant à la durée de la possible détention d’Assange en cas d’extradition aux États-Unis, le procureur assurant sans rire que des condamnés pour d’informations secrètes n’avaient purgé qu’une peine de quatre ou cinq ans. La controverse s’est poursuivie sur un point central, la politisation de l’accusation. Le traité d’extradition entre les États-Unis et le Royaume Uni exclut l’extradition pour cause politique. Le procureur défend la thèse d’une poursuite qui maintient l’indépendance du ministère de la justice alors que l’avocat a présenté un mémo de 19 pages rédigé par le procureur général William Barr établissant qu’en dernier recours toutes les décisions en matière de poursuite relèvent du président.

    À suivre.

    • J’ai suivi ce procès dont le jugement sera rendu début janvier sur des sites autres que français. Je parcours sans jamais lire les articles les sommaires de plusieurs quotidiens français et je n’ai pu que déplorer qu’aucun de ces journaux de grande diffusion n’avait publié un quelconque article au sujet de ce procès qui est immense scandale. J’en déduis que toute la presse occidentale est pieds et poings liés par les autorités américaines. Ma principale source d’information est toujours consortiumnews.com, un site nord-américain créé par des journalistes indépendants. En Europe et en particulier en France, mais c’est également vrai aussi en Espagne, il n’y a plus de presse indépendante. Tout est formaté et contrôlé par la CIA. Quand j’écris ça on me traitera de complotiste mais je m’en moque. Quand vous constatez qu’un journal comme le Monde a failli à son devoir d’informer objectivement c’est tout simplement déplorable. Il faut dire que le Monde est un quotidien pourri par le capital. Il appartient à Xavier Niel, gendre de Bernard Arnault. Ce quotidien a eu l’audace de recevoir 50 millions d’euros de la banque publique d’investissement (BPI) et ne rechigne pas à recevoir des aumônes de Bill Gates (100000 dollars il y a eu de temps) sans oublier les subventions de l’Etat français. Après on ose parler de l’indépendance de la presse mais c’est à mourir de rire. Ce mutisme des médias papier est révélateur de la main-mise progressive par les puissances financières mondiales sur l’ensemble du tissu formant les démocraties et l’information est le constituant essentiel de cette démocratie. Il y a un réel problème !

  2. Tous nos médias bien orientés ont préféré nous souligner l’importance du cas Navalny, comme c’est bizarre ! On pourrait facilement imaginer que ce soit pour masquer le procès indigne fait à Assange.
    Pour ce qui est du roi Henri, l’histoire n’est pas que de guerre en dentelles, il fut même assassiné pour vouloir se lancer dans une nouvelle guerre pour une belle…

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