
Comme beaucoup de « vieux » de ma génération, au collège on apprenait le latin puis le grec deux ans plus tard et accessoirement l’anglais également dès l’entrée au collège. Cet anglais était enseigné par un professeur qui visiblement n’avait jamais mis les pieds sur le territoire de Sa Majesté la Reine Elizabeth deuxième du nom. Par contre le professeur de latin connaissait sa matière et, Gaffiot aidant, on arrivait sans peine à traduire Cicéron, Séneque ou encore Ovide. Bref, passons à l’enseignement du français, tout de même la langue natale, qui se devait d’être correctement enseignée. Comment apprenait-on le français de mon temps ? Essentiellement en lisant toutes sortes de textes comme les incontournables Racine, Molière et Lafontaine mais aussi, pêle-mêle, Rimbaud, Rabelais, Gérard de Nerval, Madame de Sévigné et parfois Marguerite Yourcenar pour les privilégiés. De plus on devait apprendre et réciter de mémoire des textes variés en prose ou en vers.
L’orthographe s’apprenait donc par la lecture, la mémoire visuelle dans mon cas, mais également en faisant des efforts lors des dissertations ou des explications de texte. Le professeur était exigeant et on le devenait soi-même. Quant à la syntaxe, même cas de figure, le meilleur moyen de comprendre et appliquer un bonne syntaxe résidait encore dans la lecture comme Hugo ou Stendhal et qui sais-je encore. J’ai donné quelques cours bien des années après le collège, années dont je viens de parler, à l’Université à des étudiants « bac+5 » qui devaient rédiger un rapport de 10 pages. La note que je devais attribuer à leur copie était éliminatoire (je crois que ça n’existe plus) et ces étudiants le savaient. Puisque j’étais plutôt conciliant et que je n’avais pas l’intention de les mettre dans une situation difficile je leur ai proposé un essai, une sorte de rapport « blanc ». Sur mon groupe de 30 élèves – ils briguaient tout de même le diplôme de maîtrise en fin d’année – je mis 15 zéro, 12 huit sur vingt et 3 douze sur vingt. Dans l’ensemble tous ces rapports étaient de très bonne qualité mais les notes étaient relatives à l’orthographe. Je leur ai donné une bonne leçon et rendu un très grand service. Pour trouver un emploi qualifié, après cinq années d’études universitaires dans une discipline scientifique, la science ne suffit pas, il faut aussi parler correctement sa propre langue avec le minimum de fautes d’orthographe et de syntaxe et également être capable de s’exprimer clairement. Je ne suis pas certain que ce soit encore le cas.
Bref, j’ai capté cette illustration lors d’une émission de Frédéric Taddeï, l’un des rares journalistes qui laisse ses invités s’exprimer sans les interrompre sans arrêt et elle m’a donné l’occasion de disserter au sujet de la langue française. Ici il s’agit d’écriture dite « inclusive ». Je n’ai toujours pas compris ce que « écriture inclusive » signifiait. J’ai lu ou plutôt tenté de décrypter le slogan que brandissait probablement une femme, je pense que peu d’hommes se vernissent les ongles, et je n’ai rien compris. Je passe sur « quand tout sera privé » qui ne veut strictement rien dire, il aurait été plus correct d’écrire « privatisé » puisque c’était le motif de cette manifestation, me semble-t-il. Suit alors « on sera privé-e-s de tout ». À quoi sert ce « -e-s » puisque « on » n’a pas de genre au sens grammatical du terme : par définition il s’agit d’un pronom indéfini. On ne peut pas écrire « On est » : c’est également doublement faux si on écrit privé au pluriel sauf si on ajoute « tous » ce qui donne « On est tous privés » et si on veut donner un genre à l’article « on » on peut lui enjoindre le mot « toutes », ce qui donnera alors « on est toutes privées ». Les adjectifs « privés » et « privées » s’accordent alors avec respectivement les mots « tous » et « toutes » qui introduisent un genre au pronom indéfini « on ». Qu’est-ce que c’est que ce charabia dit inclusif, qui a inventé ce truc stupide et pourquoi ? Je suppose que c’est sorti du cerveau dérangé de viragos écolo-gauchistes mal baisées qui n’ont probablement jamais lu ni Hugo, ni Zola, ni Verlaine et encore moins Montherlant ou Voltaire. La langue française est maintenant parfaitement parlée et écrite par des Sénégalais ou des Ivoiriens, c’est un comble !
Combien suis- je d’accord avec vous.
De mes 61 ans , je suis, si je me souviens de votre âge, de deux générations à votre suite.
De cette époque, déjà, ce qui se faisait appeler les maths modernes entraient en grande pompe dès la sixième, ces mathématiques totalement inutiles dans la vie du tous les jours.
Souffrant d’une dysorthographie sérieuse (merci aux correcteurs automatiques), de celle où, d’écrire cent fois le même mot je fais une faute à la cent-unième, je m’étais retrouvé à poursuivre les cours d’une école technique pour passer un CAP horticole en trois ans, les deux premières années nous fûmes enseignées de ces même maths, ce ne fut qu’arrivé à la troisième que le simple calcul de bon sens, la règle de trois dans sa complexité, nous fut enfin inculqué.
Cette baisse continuelle du niveau d’instruction des enfants, devenu aujourd’hui déplorable, a, ce me semble, plusieurs raisons.
Il faut déjà savoir que sa dénomination d’éducation national cache un bais logique puisque, comme il m’arrive de le dire, on éduque un chien mais on ne l’instruit en rien, instruire et éduquer sont deux notions totalement différentes.
La baisse de niveau ayant tout autant frappé toutes les échelles hiérarchiques et, ce, depuis très longtemps, le terme d’éducation national étant apparu dès les années trente, il est cohérent de considérer que cette diminution de la qualité d’instruction des enfants suivit naturellement cette pente délétère.
Si, à ceci, s’y rajoute le besoin d’un empire, les USA, de pouvoir prendre le contrôle ,dès l’époque de l’Europe de l’Ouest et que, dès lors, de mener progressivement à ce que les français deviennent moins instruits, alors cet ensemble de phénomène nous conduit à ce que vous et moi-même déplorons maintenant.
(A ce sujet, vous remarquerez que les anciens pays de l’est ont bien mieux réagi face au covid machin que dans ceux de l’ouest, le communisme avait plein de défaut mais, au moins, leurs écoles étaient bien mieux faites.)
Cette déculturation multifactoriel, d’autres causes pouvant être sûrement détectées, peut se résoudre si, et seulement si une bonne part de la population, surtout des plus jeunes en ont conscience.
Personnellement, quand je compris ce problème, je me suis résolu d’écrire et de parler du meilleurs français possible, mais quand bien même me corrigerais-je sans cesse, les vielles habitudes langagières sont difficiles à écarter.
Pour les viragos écolo-gauchistes mal-b… et pour les dames en général, je recommande vivement la lecture de Montherlant. Il les adorait !
Il est important que le futur serf soit ignare et même un peu idiot. Il sera plus facile à dresser et à dominer par la nouvelle aristocratie. L’ignorance populaire est l’un des ingrédients d’une dictature réussie.
Je;e suis;se choqué;e de votre.e rejet.te de l’écriture.e inclusive.e 🙂
Et les connes.rient 😉