Quand Friedrich Nietzsche publia cet aphorisme (#251) dans son œuvre intitulée « Humain, trop humain » en 1878 il était très loin d’imaginer qu’en 2020 ses propos serait toujours d’une brûlante actualité. Voici donc ce texte que je vous conseille de lire plusieurs fois pour en apprécier la quintessence. Je me permettrai modestement d’apporter quelques commentaires que vous, chers fidèles lecteurs de mon blog, pourrez lire ou ne pas lire car ma prose n’atteindra jamais la profondeur de celle de Nietzsche que je considère pour ma part comme le plus grand penseur de la fin du XIXe siècle. Je n’ai en rien modifié le texte traduit en français à la fin du XIXe siècle sinon avoir introduit deux retours à la ligne.
251. Avenir de la science. La science donne à celui qui y consacre son travail et ses recherches beaucoup de satisfaction, à celui qui en apprend les résultats, fort peu. Mais comme peu à peu toutes les vérités importantes de la science deviennent ordinaires et communes, même ce peu de satisfaction cesse d’exister : de même que nous avons depuis longtemps cessé de prendre plaisir à connaître l’admirable Deux fois deux font quatre. Or, si la science procure par elle-même toujours de moins en moins de plaisir, et en ôte toujours de plus en plus, en rendant suspects la métaphysique, la religion et l’art consolateurs : il en résulte que se tarit cette grande source du plaisir, à laquelle l’homme doit presque toute son humanité.
C’est pourquoi une culture supérieure doit donner à l’homme un cerveau double, quelque chose comme deux compartiments du cerveau, pour sentir, d’un côté, la science, de l’autre, ce qui n’est pas la science : existant côte à côte, sans confusion, séparables, étanches : c’est là une condition de santé. Dans un domaine est la source de force, dans l’autre le régulateur : les illusions, les préjugés, les passions doivent servir à échauffer, l’aide de la science qui connaît doit servir à éviter les conséquences mauvaises et dangereuses d’une surexcitation.
Si l’on ne satisfait point à cette condition de la culture supérieure, on peut prédire presque avec certitude le cours ultérieur de l’évolution humaine : l’intérêt pris à la vérité cessera à mesure qu’elle garantira moins de plaisir ; l’illusion, l’erreur, la fantaisie, reconquerront pas à pas, parce qu’il s’y attache du plaisir, leur territoire auparavant occupé : la ruine des sciences, la rechute dans la barbarie est la conséquence prochaine ; de nouveau l’humanité devra recommencer à tisser sa toile, après l’avoir, comme Pénélope, détruite pendant la nuit. Mais qui nous est garant qu’elle en retrouvera toujours la force ?
Loin de moi l’audace de me livrer à une exégèse de ce court texte d’une admirable précision. Il faut le relire plusieurs fois, le décortiquer tant sa densité est grande. Tout est dit au sujet de la science non pas au sujet de la science en 1878 mais de celle d’aujourd’hui, de 2020, cette science qui apparaît dans une partie du cerveau, selon Nietzsche, et est interprétée par les non-scientifiques dans une autre partie de leur cerveau. Nietzsche ignorait à cette époque le fonctionnement du cerveau mais il avait schématisé par ces quelques lignes ce dont nous sommes aujourd’hui les spectateurs sidérés. Il y a très peu de vrais scientifiques dans le monde si l’on considère la population dans sa globalité. Moi-même je ne fus qu’un scientifique infinitésimal, sévissant dans un domaine étroit qui n’intéressait qu’une poignée d’autres scientifiques dans le monde. Je n’ai laissé aucune trace de ma carrière, l’histoire ne mentionnera jamais mon nom car la science dont parle ici Nietzsche ne réjouissait que mon propre cerveau. Mais si d’aventure un non-initié s’intéressait à cette chimie des protéines dans laquelle j’ai excellé alors il ne pourrait pas comprendre la finalité de ces travaux.
Ce que ce grand philosophe voulait signifier dans son cet aphorisme remarquable est tout simplement que la science c’est l’affaire des scientifiques et par une extension qui est valable aujourd’hui, mais pas du temps de Nietzsche, que la médecine est l’affaire des médecins. Par extension également l’agriculture est l’affaire des agriculteurs et uniquement des agriculteurs puisque l’agriculture est également devenue une science à part entière avec les progrès de la génétique, de la robotisation et de la gestion informatisée des cultures.
On est confronté aujourd’hui à une fausse récupération de la science par des personnages qui ne sont pas des scientifiques et qui utilisent la science à des fins individuelles pour assurer leur promotion sans comprendre le moindre mot de ce dont ils parlent et cette dérive perverse qu’avait parfaitement pressenti Nietzsche dans ce texte conduit à « la ruine des sciences, la rechute dans la barbarie (qui en) est la conséquence prochaine ». Quelle fantastique prémonition ! Les épisodes récents du climat dont le changement est imputé sans aucune preuve (il n’y a pas de science dans tout cela) à l’activité humaine en est l’exemple le plus évident. Pour parfaire cette « ruine de la science », pour reprendre les mots de Nietzsche, nous avons assisté dans les pays occidentaux pervertis de l’intérieur par le gigantesque pouvoir du lobby de la « Big-Pharma » à l’immense scandale à l’échelle mondiale de la chloroquine au sujet du traitement prophylactique et préventif dès les premiers symptômes de la grippe provoquée par le coronavirus.
Où est la science dans ces deux exemples, parmi bien d’autres, qui préoccupent quotidiennement des milliards de personnes dans le monde ? Elle a été pervertie par des non-scientifiques. Si Nietzsche était vivant aujourd’hui il se régalerait devant le « détricotage » éhonté, pour reprendre ses mots, de la science réalisé par des groupuscules uniquement motivés par des ambitions personnelles ou des motivations idéologiques sans fondements et des grands groupes industriels, plus puissants que les gouvernements, qui font la loi dans le monde entier soutenus et suivis servilement par les politiciens et les médias et je ne pense pas qu’à la pharmacie. Relisez Nietzsche, relisez « Humain, trop humain », vous le retrouverez en texte intégral sur internet …
J’attends avec une certaine impatience mais surtout avec une forte inquiétude la façon dont les politiques scientifiques vont gérer la pandémies du Covid19 à la rentrée.
De nos jours, l’ultra médiatisation fait qu’un problème est mondialement connu avant d’être étudié, analysé, vérifié. Un nouveau virus a paralysé le monde et continue à le faire, même si peu à peu, on apprend à vivre avec, à s’en protéger et à soigner la maladie qu’il provoque. Le corps humain, comme il l’a toujours fait, va apprendre à se défendre seul, c’est la loi de l’évolution et de la survie. Rien de nouveau dans tout ça, excepté la gestion de l’épidémie par les gouvernements du monde, en fonction de l’urgence, de l’avancée des connaissances, et surtout des moyens disponibles masques, gel, test, médicaments. Beaucoup de tâtonnements et d’erreurs, mais au bilan, ça aurait pu être bien pire, genre grippe espagnole. Pour en revenir aux scientifiques,il y a beaucoup de niveaux et de degrés différents. Vu le nombre d’ingénieur, de doctorants, de professeurs, de chercheurs qui sont formés dans tous les domaines. Mais il y a toujours eu des « génies » , des pionniers, des chercheurs même un peu fous, qui ont fait avancer leur science à grand pas. Y compris en étant incompris ou contredits par leurs pairs pendant des décennies, et reconnus ensuite. Surtout dans les domaines où une expérimentation probatoire n’est pas possible. Seuls les calculs théoriques complexes, et aujourd’hui les simulations informatiques peuvent aider. Ainsi Arrhenius il y a 125 ans, sans aucune base de données, définissait l’effet de serre sur terre grâce ou à cause de H2O et CO2, et prédisait qu’un doublement de CO2 augmenterait la température de 4°C. Il a augmenté de 30%, et on a une augmentation de 1.2°C. Malgré tous les moyens modernes, et les énormes bases de données disponibles, il est encore controversé. Même si c’est minoritaire.
voila ce que vous m’inspirez :vous devriez avoir honte !!! cordialement
« Adolphe, Friedrich et la moraline écolo.
« Bienheureux les assoupis car ils s’endormiront bientôt… », Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche.
1914-1918… Suicide de l’Europe, un suicide qui s’est prolongé jusqu’alors… Peu après la boue des tranchées, exsangue, l’Allemagne se crée un mythe, celui des Aryens qu’elle décrète en danger. Il faudra 50 millions de morts avant d’admettre que les Aryens n’existaient nulle part sinon dans les esprits malades de ceux qui les avaient créés. Quant à la menace… L’élan a pourtant répandu son poison mortifère. Au prétexte d’écrits rassemblés par sa pauvre sœur, Nietzsche a été associé, au mépris de tous ses concepts et de tous ses sens, à cette moraline pour abrutis nationalistes et haineux. N’en croyez rien.
Nous voici au début du 21ème siècle et le mouvement, loin de s’essouffler, prend de l’ampleur sous d’autres oripeaux. Il conserve des connexions avec les barbares puisque l’écologisme fut porté par les nazis dès 1933 et certains membres d’Extinction Rébellion (ou plutôt Extinction Réflexion) envisagent l’holocauste, l’œil brillant, comme une alternative à ne pas négliger… L’objectif ? Laisser la place aux racines et aux vents, ouvrir la porte aux limaces et aux lianes… De leurs aînés, les écolos ont conservé la cruauté, la débilité et l’insondable bêtise. On ne se refait pas…
Nietzsche était un moraliste, fervent admirateur de la flamboyante école française. Selon lui, l’homme est mu par sa « volonté de puissance ». Pas par sa volonté d’écraser, d’anéantir et de nuire, celle-là même qui anime l’écologiste en butte au capitalisme honni mais par sa farouche aspiration à vivre car tel est l’objet de sa vie : vivre… Resplendir, irradier, rendre lumineux son astre. Cette volonté de puissance anime chacun, du philosophe inspiré à l’écologiste abruti mais le philosophe vise haut, droit vers le firmament, quand l’écologiste, au regard déclinant, s’avachit jusqu’à l’écroulement. L’être supérieur tend à incarner les valeurs aristocratiques issues de l’antiquité, se réclamant de ceux que l’on distingue parmi l’élite dans un mouvement d’éternel retour. Il ambitionne la puissance quand le mouton implore la sécurité, celle du troupeau et de la soumission au berger. L’esclave, qui brait parmi la populace, vit de ressentiment, de haine, de petitesse. Il combat ceux qui, selon ses conclusions déviantes, l’ont fait grégaire, médiocre et sans valeur parmi les siens. De toute sa volonté, il ambitionne d’anéantir l’ennemi, brandissant l’étendard de sa moraline. S’il se dit nazi, il répand le sang afin de préserver l’Aryen… mais il n’y a pas d’Aryen, sinon dans le nihilisme de ses pensées. Alors il se contente d’emplir sa besace de pouvoirs, d’honneurs et d’or, ce qui constituait, sans doute, l’objet de ses luttes. S’il se prétend vert, l’écolo-nihiliste voue sa cause à la planète, supposée menacée, instamment en danger, partout mutilée, éventrée, incendiée… L’urgence climatique…. Pourtant, rien ne la menace vraiment, depuis 4.5 milliards d’années qu’elle tournoie, majestueuse et sereine et surtout pas ce nabot qu’est l’homme. Elle sourit, je gage, quand le nain se prend pour un géant. Le nihilisme écolo fonde ses luttes sur des théories scientifiques aisément réfutables, que défendent des savants dévoyés, couverts d’or par des princes et des financiers. Il empoisonne tout débat, corrompt toute vérité. Il interdit que quiconque ose seulement douter car sa science sert la cause du bien. Vénérer la terre relève du bien, s’y opposer relève du maléfique. La planète est tout ce qui subsiste du sacré, maintenant que Dieu est mort, tué par de précédents nihilistes.
Nietzsche nous a enseigné combien il fallait voir au-delà de ces prétextes que sont le bien et le mal, au-delà même de la raison et de Socrate. Seule vaut la vie : ainsi, que signifie une planète sans aucun homme pour louer la vie ? L’homme s’en ira conquérir, resplendir, mêler son destin à l’univers pour la simple beauté du geste, parce qu’il est homme porté par sa volonté de puissance et non pauvre corps débile et tremblant qui ne rêve que de se cloîtrer, de s’extraire des aléas et du mouvement immanent. L’écologie est une insulte aux vertus de l’existence. Il ne faut pas redouter de réduire ses zélotes à ce qu’ils sont, des abrutis, des couards et des ennemis de la science. En combattant cette dernière, ils ouvrent les portes à la barbarie. S’ils mènent à bien leur projet, ils auront annihilé la vie car l’homme réside au centre de celle-ci. L’homme aux pensées aristocratiques reçoit la nature comme un héritage, un héritage aussi précieux que tout autre, culture, science, histoire, art, philosophie… Il respecte hautement chacun de ces legs car il en sait la valeur. Dès lors, en digne successeur de ses aînés, il va d’un pas ferme. Il ne se terre pas et ne renonce pas à se montrer homme. Il ne se contente pas de vertus couronnées de pavot, de non-sens ou de cette écologie qui dégouline de moraline pour faibles et pour indignes. Une fois encaissés ses dividendes, celle-ci s’achèvera en impasse et le ressentiment de l’esclave et du nihiliste se retournera contre eux-mêmes, eux les derniers hommes.
Que nos enfants l’entendent de nos bouches. Un jour, ils reprendront d’un pas fier la marche, nostalgiques de l’Europe des valeureux, vomissant les pétochards sans honneur qui se couchaient face aux tempêtes et aux virus… Et se riant des derniers hommes, enfin, ils voudront…
Bon d’accord : tout le monde n’est pas Nietzsche. Mais chacun serait inspiré de s’y plonger. 100 ans après ses paragraphes, comme il le prédisait, tout est en place. À toi, esprit aristocratique, de saisir ton destin… »