En ces temps d’angoisse existentielle coronavirale l’actualité semble réduite à sa plus simple expression si on s’amuse à ignorer tout ce qui est relatif à ce virus dont la gestion a été abordée avec une méthode moyenâgeuse dans certains pays. Mais les préoccupations environnementales restent présentes et ici je ne voudrais pas mentionner la fausse nouvelle d’une relation entre cette épidémie et le changement climatique, non ! Il s’agit de l’immense problème du recyclage des matières plastiques qui envahissent la planète, un recyclage raisonné qui évite l’incinération éventuellement toxique pour les êtres vivants ainsi que l’enfouissement, une solution pas satisfaisante non plus. Pour reprendre la rhétorique des écologistes il faut mettre au point un traitement « renouvelable » des matières plastiques, « sustainable » en anglais, la tarte à la crème des écolos. Le cinquième plus commun des polymères est le polyuréthane dont la production atteint près de 4 millions de tonnes chaque année.
Le polyuréthane est un polymère cristallin de 4,4′-méthylène diphenyl diisocyanate et de toluène-2,4-diisocyanate avec du 4,4′-diisocyanate et du 2,4-diaminotoluène. Le polymère résultant est presque résistant à toute biodégradation en raison de sa structure cristalline. La dégradation de ce produit n’est alors possible que s’il existe un microorganisme capable d’excréter un enzyme qui va attaquer la structure cristalline mais encore faut-il que ce microorganisme ou un autre lui étant associé disposent de l’équipement enzymatique capable de dégrader dans sa cellule les petits oligomères produits par cette dégradation extracellulaire. Le problème est la toxicité et l’aspect carcinogénique des premiers produits de biodégradation du polyuréthane que sont le 4,4′-diaminophénylméthane et le 2,4-diaminotoluène.
En fouillant dans des décharges de produits en matière plastique proches de la ville de Leipzig en Allemagne des biologistes ont néanmoins découvert un Pseudomonas capable d’utiliser le 2,4-diaminotoluène comme seul substrat carboné et azoté dans un milieu de culture exclusivement minéral. Il s’agit de la souche Pseudomonas putida sp.TDA1. Le séquençage total du génome de cette bactérie a montré qu’il existait une série d’enzymes de la famille des dioxygénases impliqués dans le métabolisme des catécholamines et des
noyaux aromatiques.
On assiste avec ce travail (doi ci-dessous) à une adaptation de l’équipement enzymatique bactérien à des substrats d’origine artificielle. La prochaine étape consistera à sélectionner une souche de Pseudomonas présentant une croissance plus rapide pouvant être associée à un champignon excrétant les premiers enzymes de dégradation de l’édifice cristallin du polymère afin d’atteindre des rendements de dégradation satisfaisants. Mais le chemin à parcourir reste encore très long avant qu’il soit possible de transformer des millions de tonnes de polyuréthanes en biomasse. On peut rêver.
Source:https://doi.org/10.3389/fmicb.2020.00404
Illustrations : éponge de polyuréthane et réaction de polymérisation (Wikipedia).
Bien, cher Jacqueshenry, quant bien même ne serions-nous pas d’accord sur certains points, mais n’est-ce pas le fait démocratique du débat qui, de cette libre parole de la dispute entre gens de bonne compagnie, mène à une libre parole et d’échange enrichissant notre liberté de penser?
Donc, dis-je, je suis quoi qu’il en soit et au fil des jours vos billets m’apportant des enseignement scientifiques des plus passionnant.
Au-delà de ce cirage de pompe que vous méritez bien, je vous remercie de m’apporter ce deuxième éclairage proprement (c’est le cas de le dire) écologiste.
Et là je vous en accord total avec vous en cela de ce que l’écologie se doit d’abord être oeuvre scientifique véritable avant toute chose.
Bon, les termes employés me font l’effet de formules cabalistiques, mais qu’importe, j’en souris (grise) et, surtout, je comprend votre approche qui me semble absolument cohérent en ce sens où le plus logique est de dénicher les micros organismes pouvant dégrader, ici les plastiques non ou peu putrescibles (je ne parle pas de Madame Macron bien sûr), mais pourquoi pas aussi d’autres matières dangereuses et tenaces à la dégradation.
Bien à vous.