Le scandale de l’insuline

Capture d’écran 2020-02-03 à 18.52.50.png

Il y a dans le monde 400 millions de personnes vivant avec un diabète insulino-dépendant. Il n’y a pas assez d’insuline disponible sur le marché et par conséquent les prix augmentent pour atteindre, par exemple aux Etats-Unis, plus de 450 dollars par mois. Devant cette situation scandaleuse du point de vue sanitaire – inutile de mentionner la situation des pays en voie de développement où les diabétiques sont condamnés à une mort prématurée – de nombreuses personnalités s’émeuvent et en particulier au sein de l’OMS, organisme qui étudie sérieusement l’autorisation de mise sur le marché d’insuline générique, celle disponible à ce jour étant contrôlée par les firmes pharmaceutiques Ely Lilly (90 % du marché mondial de l’insuline), Novo Nordisk et Sanofi.

Fixer le « juste prix » d’un médicament est un processus complexe et la protection légale des produits pharmaceutiques est également complexe. Pendant des décennies les diabétiques étaient traités par des injections d’insuline extraite de pancréas de porc ou de bœuf. Quand apparurent les techniques de recombinaison génétique il apparut que faire exprimer par une bactérie ou une levure le gène de l’insuline humaine serait une voie plus logique car avec le temps les malades développaient une réaction immunitaire modérée contre l’insuline étrangère qui devenait dès lors moins efficace pour contrôler la glycémie. Dès que les grands laboratoires furent capables de produire cette insuline « humaine recombinante » l’insuline d’origine animale disparut du marché …

Il faut dire ici que les médecins prescripteurs furent soumis à une intense pression de la part des laboratoires pharmaceutiques pour ne plus prescrire que de l’insuline recombinante. L’argument avancé était que cette insuline était plus pure, « plus humaine » et ne présentait pas les effets secondaires de l’insuline porcine. C’est sur ce dernier point que les gros laboratoires pharmaceutiques ont adossé leur propagande et leur marketing agressif : l’insuline recombinante n’est pas meilleure que l’insuline d’origine animale et elle ne présente pas plus d’effets secondaires. Et c’est sur cet argument que des brevets protègent l’insuline recombinante, non plus la technique de recombinaison elle-même qui date des années 1980, mais le procédé de production et le conditionnement avec tous les accessoires « offerts » aux malades à condition naturellement qu’ils achètent cette insuline et non plus de l’insuline d’origine animale qui pourtant est toujours disponible dans des pays comme le Canada à un prix modique.

Cette situation n’est pas seulement le fait des compagnies pharmaceutiques mais elle est en réalité encouragée par les politiciens qui ont subi un véritable lavage de cerveau par les ultra-puissants lobbyistes qui opèrent pour les laboratoires pharmaceutiques. Il faut bien que ces pauvres gens gagnent un peu d’argent puisque les médicaments contre le HIV ou la malaria sont quasiment offerts. Le diabète est une véritable poule aux œufs d’or car les malades doivent se traiter tous les jours alors qu’un antibiotique n’est prescrit que pour une courte période et très épisodiquement.

La situation devient parfois surréaliste quand on s’aperçoit que le gouvernement américain a exercé une pression directe sur l’administration du Premier Ministre indien Narendra Modi pour qu’il ne remette pas en cause la validité du brevet de procédé d’Ely Lilly qui avait été pourtant réfutée par la cour de justice spéciale de Madras, considérant qu’il n’y avait rien d’innovant dans ce nouveau brevet. Donc aux USA les habitants du Michigan continueront à aller acheter leur insuline au Canada et en Europe ce sont les contribuables, finançant les systèmes de santé étatiques, qui enrichiront les grandes multinationales de la pharmacie. On vit dans le meilleur des mondes possibles.

Inspiré d’un article de Faisal Chaudhry paru sur le site The Conversation, illustration tirée d’un article de npr.org et dans le domaine public.

5 réflexions au sujet de « Le scandale de l’insuline »

  1. Il me semble qu’il faudrait réfléchir à un statut particulier pour les laboratoires pharmaceutiques, tout comme les services publics il va falloir leur en créer un empêchant toute cette gabegie perverse..

  2. Et que dire du scandale des statines prescrites à tour de bras au prétexte d’une norme maximale toujours plus basse . Néanmoins , je perçois un changement , mon cardio ne m’interroge plus et ne s’étonne plus de l’absence de statines dans mon traitement que je refuse de prendre à cause de douleurs articulaires insupportables malgré deux infars il y a dix ans ; J’ai donc suivi votre conseil , je prends de l’ashitaba en poudre depuis un mois ; verdict à la prochaine prise de sang .

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s