Le transport aérien mauvais pour le climat ?

Le site « atmosfair » a mis en ligne un moyen didactique pour que chaque personne décidant de se déplacer en avion soit culpabilisée. J’ai donc entré les codes des aéroports de mon prochain vol long courrier (on peut aussi entrer les noms des villes de départ et d’arrivée) et voilà ce que le site m’a craché à la figure :

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Je n’ai pas perdu mon sang-froid et j’ai fait quelques calculs sachant que ce vol est effectué avec un Airbus A330. Cet avion embarque 140 tonnes de kérosène et au moins 300 passagers. La durée du vol Madrid-Tokyo est d’environ 13 heures, soit aller-retour une distance d’environ 24000 kilomètres. Avec ces données je suis arrivé à 1,4 tonne de carbone par passager.

Le calcul est très simple, il suffit de diviser la quantité de kérosène embarqué par le nombre de passagers et d’exprimer le résultat en kilos de CO2 ! En gros 140 tonnes de kérosène génèrent 430 tonnes de ce gaz hautement toxique pour le climat mais pas vraiment pour les plantes (objet d’un prochain billet).

Je me suis amusé à comparer cette donnée avec un voyage de 24000 kilomètres effectué en voiture, une voiture consommant 5 litres pour parcourir 100 kilomètres et je suis arrivé à quelques kilos près au le même résultat. Alors la question est de savoir quel est le moyen de transport le moins mauvais pour le climat :

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Vue du San Diego freeway à Los Angeles

Mon prochain voyage au Japon sera-t-il d’aller d’Espagne à Vladivostok en trans-sibérien ? J’aimerais bien savoir quelle quantité de diesel les locomotives du train brûlent pour un tel périple sans oublier d’inclure le voyage en bateau de cette ville jusqu’aux côtes nord de Honshu … N’importe quoi.

24 réflexions au sujet de « Le transport aérien mauvais pour le climat ? »

  1. De plus, il faudrait tenir compte de la pollution engendrée par la construction du véhicule!

    Si une voiture roule 300.000 km, c’est bien, et lorsqu’on la change, à sa pollution d’usage, s’ajoute sa pollution de construction (faudrait peut-être y penser avant d’acheter une nouvelle voiture soi-disant moins polluante).

    Ne me dites pas qu’un Airbus n’est fait que pour voler 300.000 Km! Il peut en faire des km en 40 ans! À mon avis, Au « doigt mouillé », l’Airbus doit polluer infiniment moins que la voiture, ceci dit sans compter qu’il y a très peu de chance pour que le taux de CO2 soit l’élément déterminant sur l’évolution climatique!

    Mais, est-ce pour autant du « n’importe quoi »?

    Je ne le pense pas. Il s’agit d’une pression politique délibérée consistant à proposer à tous les  » » »citoyens » » » un commun utopique à construire, toutes classes confondues, occultant ainsi cette lutte des classes qui est pourtant le véritable moteur de l’histoire. C’est un moyen pour convaincre le peuple à se laisser mener vers un capitalisme trans-nationalisé, dans un monde où le rôle des États se limitera au « folklorique ».

  2. Un vol Madrid-Tokyo fait à la louche 11000 km et un avion de type A330-200 embarque 200 passagers. La consommation de CO2 annoncé par le site est de 2100 kg. On en déduit une production de 2100 kg/11000 km, soit environ 0.2 kg = 200 g de CO2 par km, et donc une production de 200//200 = 1 g de CO2 par passager et par km parcouru.
    Par comparaison, une berline moderne avec tous les équipements anti-pollution disponibles émet à la louche 120 g de CO2 par km parcouru. Si on suppose 5 passagers, cela fait 24 g de CO2 par passager et par km.
    Conclusion : le transport aérien pollue 24 fois moins que la voiture sur le seul critère des rejets de CO2.

    • J’avais fait mes calculs (très approximatifs) en modélisant le kérosène sur du décane, idem pour une voiture automobile. J’ai probablement surestimé la consommation. Je rectifie un détail l’A330 embarque précisément 285 passagers + équipage.
      Et pour répondre à Libon j’ai volé au printemps sur un Boeing 737 (première version) pour aller à Ishigaki Jima de près de 30 ans d’âge. Combien de voitures particulières circulent pendant 30 ans ?

      • Si un A330-200 emporte 300 passagers (on réduit tout bêtement l’espace disponible par passager dans le fuselage), on arrive -avec une règle de 3 des plus élémentaires- à une libération de CO2 par km et par passager de 24x(300/200) = 24×1.5 = 36, auquel cas l’avion émet 36 fois moins de CO2 que la voiture…ce qui ne fait que confirmer encore plus votre analyse et votre sentiment global qu’on prend clairement les gens pour des idiots patentés.
        Ce qui est dommage, c’est que cette supercherie -qui consiste à suggérer implicitement le contraire- marche plutôt bien, compte-tenu du niveau d’instruction moyen à l’heure actuelle : les générations de moins de 50 ans ont -pour les plus faibles- un mal incroyable à faire des règles de 3 …ce qui était curieusement obligatoire et non négociable de mon temps lorsqu’on sortait de CM2.
        Cherchez l’erreur (quand on veut manipuler les masses, il faut d’abord s’assurer qu’elles soit globalement peu instruites et incapables de réfléchir par elles-mêmes).

      • Si je puis me permettre, en tant qu’ancien d’Air France :
        le taux de conversion officiel (et chimique ) est de 3,15T de CO2 émis pour chaque tonne de kérosène utilisée.
        Après, pour ramener au passager, il suffit, bien évidemment de diviser le total par le nombre d’iceux, sans oublier que les avions, même passagers, transportent souvent du frêt, plus ou moins, même si sans doute assez peu sur un Madrid-Tokyo en A330.
        Un calculateur de CO2, d’après les données réelles sur une année entière est (était ?) disponible sur le site AF.
        De mon temps, l’avion le plus « économique » en consommation et donc en émissions de CO2 par passager, était le B777-300ER utilisé sur les Antilles et La Réunion, tout simplement parce que les avions étaient « densifiés » (472 passagers en 3 classes), et les avions très bien remplis en moyenne annuelle (je rappelle l’utilisation de données statistiques réelles).
        Actuellement ce doit être l’A380, si il est correctement rempli.
        On estimait, avant résultats d’une année pleine, sa consommation par passager de moins de 2,5l aux 100km, alors qu’on était, en réel à un chouia plus sur les B777-300ER des Antilles.
        Bien évidemment tout ceci à une vitesse moyenne de 900km/h.
        Enfin, les émissions anthropiques du transport aérien civil représentent entre 2 à 3% du total, selon les sources.
        L’argument massue : « mais le transport aérien se développe à grande vitesse », est en partie vrai, contrebalancé par les progrès techniques et opérationnels, bien réels mais assez « lents » dans la mesure où les compagnies gardent leurs avions généralement une dizaine d’années, et où d’autres « aussi gros » émetteurs, transport maritime et Data Centers, les deux émargeant à plutôt 5% des émissions de GES, sont également en forte croissance, surtout pour les DC.
        Bref, le transport aérien c’est FORCEMENT mauvais pour le climat, demandez à Greta, elle vous l’expliquera mieux que moi.

      • Merci pour ces précisions…mes premiers calculs étaient faux à cause d’une donnée d’entrée fausse. On l’a bien compris, le transport aérien (civil) pollue moins que l’automobile ou les centrales à charbon allemandes et constitue un excellent bouc émissaire…ce qui n’empêche pas les grands prêcheurs de la cause anti-CO2 de prendre l’avion plusieurs fois par semaine 🙂

  3. La lutte contre le CO2 me fait penser à la lutte contre le gras dans l’alimentation… On a fait la chasse aux lipides pour masquer le rôle néfaste pour la santé des glucides en excédent. Il me semble que l’eau a beaucoup plus d’importance que ce gaz CO2 plutôt utile. On peut avoir quelques doutes sur l’influence de l’eau cachée en haute altitude sur le climat. Que cela dérange ou non les utilisateurs du transport aérien dont je fais d’ailleurs partie les études sur le sujet manquent cruellement pendant que le CO2 alimente des querelles byzantines.

      • Trop bien comme remarque ! J’adore …
        Je disais un jour à une amie espagnole que les évangiles apocryphes (ceux qui n’ont pas été retenus par je ne sais plus quel pape) décrivaient que Jésus (le fils) avait bien été conçu par Joseph (et non le saint esprit) et que Jésus s’était lui-même marié avec une ex-prostituée avec qui il avait eu au moins deux enfants. L’Eglise a fait de Marie une gourgandine infidèle à son époux qu’elle a cocufié puis mis au monde un bâtard, d’où la querelle du filioque revue et corrigé par les soins de votre serviteur. Mon amie espagnole n’a pas vraiment apprécié mon analyse.

  4. Il serait important que ceux ayant quelques appétences religieuses fassent la distinction entre la symbolique et la réalité, ce qui, je le reconnais, transformerait cette religion du tout au tout, mais peut-être que la modernité le réclamerait, en revanche celles qui n’ont que peu de cet appui symbolique ne pourront que disparaître.
    Au-delà de ces digressions métaphysiques, j’avais cru, à tort, que l’avion était plus gourmand en combustible que la voiture, donc je corrige illico ma perception de la chose.

  5. Je ne pensais pas réveiller tant de ressentiment en évoquant des querelles byzantines… J’en étais resté à des discussions sans fin sur le sexe des anges pendant que le turc assiégeait la ville… Il n’y a après tout que les athées pour se préoccuper de Dieu !!! Bien souvent d’ailleurs en quête de droits d’auteur.
    En attendant cela n’apporte pas grand chose sur l’influence de l’eau en haute altitude…

  6. Alerte SCOOP : en allant sur le site de la DGAC, je viens de découvrir que les quantités de CO2 produites en avion par passager et par kilomètre sur un trajet de plus de 5500 km sont très largement supérieures à celles mentionnées dans le billet : 94 g CO2/équivalent passager/km pour un avion de plus de 220 sièges.
    Ce qui met la chose presque à égalité avec le transport par voiture (berlines 5 places très économique avec 120 g CO2/passager/km, un peu plus si la voiture transporte des bagages).
    Ce chiffre sort du site suivant : https://eco-calculateur.dta.aviation-civile.gouv.fr/autres-trajets
    Il apparaît donc clairement que les informations fournies sur les émissions de CO2 aériennes varient d’un site Web à l’autre.
    L’un des deux ment. Je ne sais pas lequel.
    Je serais enclin à dire que le site de la DGAC est au pif plus fiable, du fait de la réputation de cette organisation. Mais est-ce vraiment vrai ?
    Seuls des faits vérifiables peuvent nous sortir de cette contradiction 🙂

    • Si je reprends les chiffres de Jacques Henry, ça nous donne : 1400 kg de CO2 pour 24000 km et par passager, soit 58 g de CO2 par passager et par km.
      Si comme la DGAC le considère, un passager pèse 75 kg et transporte 25 kg de bagages (un « équivalent passager » peq = 100 kg), alors on aura 58*(/25/75) = 175 g de CO2/km/passager.
      On peut corriger cette estimation légèrement en considérant un voyage de 22000 km et un avion de 200 passagers au lieux de 300, ce qui nous donne : 75 *(24/22)*(3/2) = 122 g de CO2/km/peq, soit les émissions de CO2 des berlines les plus évoluées.
      Conclusion : les estimations de Jacques Henry et de la Direction Générale de l’Aviation Civile coïncident. La voiture et l’avion engendrent des émissions similaires de CO2, et donc, les données issues du site « atmosfair » sont ainsi à priori archi-fausses (elles minimisent d’un facteur 24 à 36 les émissions de CO2 des avions !).
      Cela ne pose sur le plan conceptuel aucun problème puisque le CO2 est un aliment naturel pour les végétaux et pas un polluant.
      Il serait bon toutefois que quelqu’un vérifie et affine ces calculs à toutes fins utiles.

    • Merci pour cet article. J’adore le dernier commentaire de Judith Curry :
      « I submitted a shorter version of this paper, in a more academic style, for publication in a climate journal. It was rejected. Here is my ‘favorite’ comment from one of the reviewers :
      “Overall, there is the danger that the paper is used by unscrupulous people to create confusion or to discredit climate or sea-level science. Hence, I suggest that the author reconsiders the essence of its contribution to the scientific debate on climate and sea-level science.”
      On est bien dans l’idéologie et plus dans la science quand on se permet de pareils commentaires sur le travail d’une personnalité aussi éminente que Curry..

  7. Le tourisme se fait essentiellement par avion.
    Vous pouvez faire toutes les statistiques, à savoir comparer des distances considérables avec un transport (la voiture) qui n’est pas comparable, il n’empêche que la voiture est hyper taxé, alors que le kerozene ne l’est pas. Et qu’on prend beaucoup plus sa voiture par utilité qu’on ne prend l’avion.
    Je ne prends pas le parti de cette ONG, mais la comparaison entre moyen de transport sur le kilométrage parcouru est absurde. La voiture est utile, quoi qu’en puisse ne penser un îlien, sont le comportement est très proche d’un citadin.

    Exemple : Faites l’expérience de tomber en panne en raz campagne à quelques kilomètres de chez vous. Et vous comprendrez que vos calculs sur des milliers de kilomètres est une vue de l’esprit.

    • je me permets de vous répondre !
      Je n’ai plus de voiture depuis plus de 15 ans et je m’en passe très bien. Quand j’ai des visiteurs comme cette prochaine semaine je loue une voiture deux ou trois jours. Sinon, si j’ai besoin de me déplacer, j’utilise les transports en commun très bien organisés à Tenerife (environ 100 lignes de bus et un tramway dans l’agglomération principale). L’île n’est pas « petite » puisque sa longueur est de 100 kilomètres. Je n’ai donc aucun scrupule à utiliser les transports aériens au moins trois fois par an.
      Mon plus jeune fils habite à Tokyo et il n’a pas de voiture non plus. D’ailleurs je ne vois pas pourquoi il « faudrait » posséder une voiture dans cette ville immense puisque les transports en commun sont incroyablement efficaces. Ici aussi les transports en commun sont très bien organisés et incroyablement peu coûteux. Si les politiciens français n’avaient pas démantelé le fantastique réseau ferroviaire régional privé qui existait en France dès la privatisation des chemins de fer il y aurait deux fois moins de voitures en France. Ce démantèlement s’accéléra après la guerre et le générations à venir reprocheront à juste titre cette attitude stupide du pouvoir quand l’essence coûtera 20 euros le litre …
      maintenant en ce qui concerne la taxation du kérosène il s’agit d’un problème transnational qui ne peut être mis en place que si un gouvernement mondial totalitaire l’impose. Rassurez-vous on y arrivera !!!

  8. Mais pourquoi vous vous décarcassez à calculer quel engin crache le plus de CO2 puisque vous ne croyez absolument pas à son effet sur le climat ? C’est pas très cohérent. Pour ceux qui critiquent l »avion, c’est qu’ils estiment je suppose que les gens qui font tous ces km en volant quelques heures ne voudraient pas ou ne pourraient pas les faire en voiture (ou en bateau), car ça les fatigueraient et ils n’auraient plus le temps de profiter du voyage. Il y avait aussi le coût élevé des vols , mais qui s’est démocratisé avec les low cost qui fait que des centaines de millions de chinois, indiens, et autres pays en développement veulent à leur tour vivre leur vacances ou désir de découvrir le monde. A l’instar de la consommation de produits numériques , de confort quotidien (chauffage , frigo ou clim) et de nourriture variée (viandes, poissons, crustacés, fruits exotiques…). Bon je diverge un peu du sujet de JH. Mais c’était pour dire que toute activité, production, consommation est émettrice de CO2. Peu importe le mode utilisé, c’est l’action elle-même qui est la cause. Si un jour 8 milliards d’individus consomment comme un américain moyen, les 415 ppm/CO2 seront très vite battus sans aucun doute. Mais sans conséquences paraît- il … A suivre.

    • Pourquoi?
      Juste pour montrer l’incohérence de ces divagations et de se référer au plus près à la réalité, ce qui n’est pas chose aisée, de cela j’en conviens.

    • Mais pourquoi vous vous décarcassez à calculer quel engin crache le plus de CO2
      Mais on est encore libre, non ❓ On ne fait pas encore ce que vous voulez.

      • Oui bien sûr. Oh là là je faisais juste un brin d’humour, ne prenez pas la mouche. Je respecte JH qui s’exprime d’une manière très Claire et avec de grandes compétences sur divers sujets. Il accepte ma participation aux commentaires, et sait que je suis plus circonspect sur sa vision du climat (RC ou pas ou même refroidissement à venir pour lui) et du rôle du CO2 dans cette affaire. Mais ce n’est que mon modeste point de vue, sans plus de preuve à l’appui. J’attends de voir.
        Bonne fin de journée

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