Le grand empire américain tel qu’il était en 1941, l’année de l’attaque de Pearl Harbor par l’aviation japonaise, comprenait les 50 Etats contigus. Les autres territoires comme l’Alaska, achetée à la Russie en 1867, Puerto-Rico, les Philippines, l’archipel d’Hawaï et une multitude d’îles et îlots disséminés sur l’Océan Pacifique n’étaient pas des Etats mais des territoires majoritairement peuplés de gens de couleur qui étaient considérés par l’Administration centrale comme des sous-hommes sans droits civiques. Cette tradition raciale était le direct héritage des massacres systématiques des Amérindiens dont les survivants furent parqués dans des réserves et les Afro-Américains, descendants d’esclaves qui vivaient dans un système d’apatheid non officiel aussi appelé ségrégation. Bref l’Empire américain était une nation peuplée de blancs anglo-saxons, si possible, chrétiens, si possible aussi, qui prônaient la « démocratie ». L’Empire colonial américain comptait environ 19 millions d’habitants essentiellement aux Philippines soit 8 fois moins que les citoyens vivant dans les 50 Etats contigus où il y avait 12 fois moins d’Afro-Américains que de Blancs.
Au sein même de l’ « Union » il existait aussi une ségrégation persistante à l’égard des « Latinos » et des communautés d’origine japonaise et chinoises enrolées parfois de force pour construire les lignes de chemin de fer du grand ouest continental américain. L’ « Union » fut construite petit à petit à coups de guerres agressives et d’annexion de territoires. Cette attitude impérialiste débuta en 1840 quand les Etats américains attaquèrent le Mexique et dépossédèrent ce pays souverain de la moitié de son territoire. L’élément qui déclencha ce conflit fut une véritable « fakenews », un détail sans importance. Il s’agissait d’une escarmouche entre l’armée de la toute nouvelle république mexicaine, mal armée, et un fort de l’armée américaine comme il en existait beaucoup dans cette région du sud-est du futur Arizona qui était un territoire disputé entre le Mexique et les Etats-Unis. Ce genre d’évènement était presque quotidien dans ce far-west le plus souvent sans foi ni loi. Pour s’en sortir la tête haute les Etats-Unis achetèrent ces territoires considérables par leur superficie pour une somme équivalente à 600 millions de dollars d’aujourd’hui, vous avez bien lu.
Cinquante ans plus tard l’empire américain déclara cette fois la guerre à l’Espagne après un coup monté, une autre « fakenews » dans toute sa splendeur, dans la rade du port de La Havane. Vaincue, l’Espagne céda aux Américains Cuba, Puerto-Rico et d’autres îles de la Caraïbe, les Philippines, Guam (archipel des Mariannes) et diverses îles du Pacifique comme une partie de l’archipel des Samoa. Pour parfaire sa domination sur le nord de l’Océan Pacifique les Etats de l’Union annexèrent l’archipel de Hawaï en 1898 où les Français s’étaient pourtant installés dès 1845. Cette annexion fut fomentée par la compagnie fruitière Dole qui organisa une révolte des Polynésiens d’Hawaï contre les Français.
On retrouve aujourd’hui la même démarche de l’impérialisme américain avec une interférence ouverte entre le gouvernement et les grandes compagnies privées qu’elles soient impliquées dans les fruits, le tabac, le pétrole, les ressources minérales ou l’armement. Rien n’a changé et l’appétit de ces grandes sociétés a poussé le gouvernement américain depuis la fin de la seconde guerre mondiale à intervenir pour étendre sa domination hégémonique et économique dans une multitude de pays. La mise en place de l’OTAN a largement contribué à dominer les pays européens mais cette organisation a été utilisée sans état d’âme par les Américains pour impliquer ces pays européens dans des conflits dont ils étaient étrangers. Après la Corée et le Vietnam qui furent des conflits spécifiquement américains il y a eu le démantèlement de la Yougoslavie et les horreurs du Kosovo et de la Bosnie toutes « justifiées » par des fausses informations, les guerres d’Afghanistan et d’Irak et enfin de Syrie, conflits dans lesquels les pays européens ont été priés par le grand Oncle Sam de participer. Depuis 1945 les forces armées américaines ont été déployées 211 fois dans 67 pays différents pour régler des conflits ou pour y « installer la démocratie ». Les USA disposent dans le monde de 800 bases militaires pour continuer leur emprise impérialiste sur le monde entier et aussi de leurs pétrodollars, de leur système d’espionnage politique et économique via les opérateurs téléphoniques et les réseaux sociaux, la NSA dénoncée par Edward Snowden : au total 17 organismes de renseignement. L’impérialisme américain n’est pas encore mort … Tous les coups tordus sont mis en oeuvre pour que la puissance financière américaine s’accapare les fleurons industriels européens et ce n’est pas terminé car l’agenda américain est finalement de dominer le monde entier …
Source très partielle : The Guardian. L’empire américain en 1941 cartographié ci-dessus est à l’échelle et montre l’immense superficie de l’Alaska ainsi que la longueur de l’archipel de Hawaï.
Le Mayflower est l’embryon emblématique de cette histoire … Accueillis par las autochtones, l’année suivante c’était déjà le massacre. Les arrivants n’étaient pas des catholiques, mais des protestants fanatiques qui étaient tellement excessifs qu’il valait mieux pour eux de quitter le vieux continent. Le terme « chrétien » est bien pratique pour le américains pour ne pas dire protestant quand cela gène !!!
Pour avoir longtemps lu la presse des Etats Unis on est surpris par leur crainte de voir les latinos, catholiques submerger les WASP protestants. Les tenants de l’Ancien testament contre les tenants du nouveau : le œil pour œil contre la joue tendue ? L’expansion du monde anglo-saxon se fait souvent par le biais de leurs évangélistes, vrais missionnaires américains. Bolsonaro au Brésil, Arseniouk ancien premier ministre à Kiev au moment du coup d’état était pasteur protestant, Mme Gbabo en Côte d’Ivoire meneuse protestante, son mari vient d’être dépénalisé, hasard !!!
Qu’on les aime ou non les religions structurent le monde, Le choc des civilisations est sous nos yeux bien aveuglés par le miroir aux alouettes des « bien pensants » si « mal faisants ».
Finalement c’est le temps long de la démographie qui aura peut-être raison du grand prédateur, le mur de Trump sera aussi efficace que le mur de Berlin pour les latinos des états du sud des USA.
En attendant ce grand chamboulement on peut s’entraîner aux arts martiaux: judo ou moines de Shaolin selon les goûts !!!
Et pourtant, avec de si nombreux états-uniens originairement italiens, irlandais ou polonais majoritairement catholiques;
Certes kennedy, catholique « irlandais » n’était pas aimé de beaucoup de WASP (où seul le « P » de « protestant » ne pouvait lui être accolé) et a mal fini…
En lisant cet article, je ne peux m’empêcher de penser également à la Chine, « d’aujourd’hui », où l’impérialisme (suite d’empereurs devenus « rouges ») est économique, voir les achats d’entreprises « worlwide » ou de terres, mines et autres notamment en Afrique.
Quant à la Russie, en mal de tsar, quoique Poutine s’y verrait bien, elle tente de retrouver son « empire » aux marges de ce qu’est (re?) devenue la Russie, en commençant par la Crimée et le Donbass.
Concernant la Russie, vous avez une curieuse vision des choses. Vous auriez gagné en compréhension à lire l’excellente série d’O. Berruyer sur l’Ukraine, gros boulot :
https://www.les-crises.fr/ukraine/
Et puis, ils sont vraiment agressifs ces russes et ce Lavrov :
http://lesakerfrancophone.fr/interview-sans-fards-de-lavrov-avec-radio-komsomolskaia-pravda
Frexitement vôtre.
Concernant Lavrov, le moins que je puisse en dire, c’est que c’est un vrai, fameux, compétent et retors ministre des affaires étrangères, et ce n’est pas un reproche.
Pour voir l’évolution du PNB Mondial. Pour mieux comprendre la toute puissance de l’Empire Américain et la percée fulgurante de la Chine. Oui l’adresse du fichier est très longue ! Mais elle marche, je l’ai vérifiée.
https://dl-mail.ymail.com/ws/download/mailboxes/@.id==VjN-44nmF5oGBLAqFByBn2BAShbEOfGXDMfcFA3BtM-E7C4J6Pd4FY27_DiH9JMJ-2fWkSNxgB2xfiFpptatesw1Uw/messages/@.id==ADlxMMxEBo9rXIcJDAXnuOlwltA/content/parts/@.id==2/raw?appid=YahooMailNeo&ymreqid=25f317e9-7dd1-618a-01f6-720022010000&token=HzZ3wG0EIq5N5mgU_aWYmEsWdZG8xIv6LYHlgl48Sg6zlV19RlTO3emDNQaHxZ3TTfQ9dzdFPtJMlBTEtzlmSThjr0n4TT90XvjPlwAk4Pm8n-OiwpzQ1N7mt6pVyDVB&error=https%3A%2F%2Fmg.mail.yahoo.com%2Fneo%2Fiframemsg%3Fid%3D320a040e-de93-beef-2f4c-507aea3d39cf%26origin%3Dmail.yahoo.com
Pour raccourcir une adresse « interminable », vous pourriez passer par :
http://tinyurl.com/
Copiez puis collez la dite adresse dans la zone dédiée de la page « tinyurl » que vous avez ouverte ;
Appliquez et vous obtenez une URL réduite ;
Copiez-collez cette dernière dans votre commentaire ;
(si je ne me suis pas « planté ») vous obtenez l’ouverture du lien en cliquant sur l’URL réduite :
https://tinyurl.com/y6yzyon8
Grrr… 😳
Ni votre (longue) adresse ni mon raccourci ne fonctionnent….
Désolé 😦
[MacBook Pro – Safari 12.0.3 – macOS X.12.6 « Sierra »]
Bizarre. J’ai cliqué sur votre raccourci (merci pour votre conseil) et ça marche. J’ai Blue Ray Player et je suis sur Mojave 10.14.3
J’interprète la mentalité américaine comme un mélange improbable à 5 composants :
– une violence physique et mentale provenant de la conquête de l’ouest (l’esprit pionnier)
– la vénération du dieu argent et une foi aveugle dans le billet vert
– l’importance excessive donnée aux castes sociale, issues de la sélection payante des élites
– l’amour de la bureaucratie, du droit et de la discipline
– enfin, un goût prononcé pour la théâtralisation et la repentance.
Ca nous donne une civilisation darwinienne un peu schizophrène dont la violence est habilement masquée par des mythes fondateurs comme le « Self-Made Man » et « The American Dream » permis par la sainte liberté d’entreprendre; et paradoxalement face à cet individualisme forcené conscient de ses propres turpitudes, il y a en parallèle la recherche de la protection divine collective (« In God We Trust ») et le communautarisme qu’on détecte dans chaque quartier…qu’on soit afro-américain ou WASP (White Anglo-Saxon Protestant).
Cette société est psychologiquement malade. Son fonctionnement s’est sévèrement altéré depuis la chute du mur de Berlin, découvrant un monde désormais multipolaire plus riche avec lequel il faut entretenir des relations d’égal à égal. Les USA sont une nation de compétiteurs incapables d’avancer en l’absence d’une menace. A défaut, ils s’inventent régulièrement de nouveaux ennemis dont on devinait hier la nationalité en regardant les grandes productions hollywoodiennes ou en lisant aujourd’hui les tweets de leur président qui à cause de sa vision binaire des choses ne comprend plus la subtilité du monde qui l’entoure.
Bien vu !
Les États-Unis évoluent à une vitesse stupéfiante : le modèle wasp et le melting pot sont en passe de devenir des curiosités historiques. Le fait majeur à retenir : les Latinos sont de plus en plus présents dans la vie quotidienne. D’ici 2050, on estime qu’ils seront 100 millions. Soit près du tiers de la population. Ajoutez à cela les Afro-américains, environ 50 millions, et les Asiatiques, entre 15 et 20 millions. Résultat des courses : les Américains blancs et chrétiens seront minoritaires.
Il me semblait que les latino-américains sont en général bien intégrés dans la société américaine et occupent des postes à responsabilités dans tous les niveaux de l’économie, du fait qu’ils sont correctement éduqués (mais en effet ils sont majoritairement catholiques). Le fait qu’ils soient 100 millions d’ici 2050 est-il dans ces conditions un réel problème de société chez l’Oncle Sam ?
Oui, cela commence à devenir un problème. Pour commencer, un problème linguistique, comme celui que connaissent les Canadiens avec la «minorité» francophone.
Il y quelques jours, non loin de la frontière canadienne, les services frontaliers américains ont demandé leurs papiers d’identité à deux dames qui se parlaient en espagnol. Surprise : l’une était née et avait grandi en Californie, l’autre était née et avait grandi au Texas. Gros scandale chez les bien-pensants et dépôt d’une plainte par l’ACLU.
Mais cette anecdote est révélatrice d’une réalité : les Latinos s’affirment comme tels au sein de la société américaine.
Qui étaient les compétiteurs de Trump pour l’investiture républicaine ? Deux Latinos. Cruz et Rubio.
Lors d’un séjour aux Îles Marquises beaucoup de personnes m’ont raconté que quand ils visitaient leur mère patrie, dont en particulier Paris, ils étaient sans arrêt interpellés par les flics pour vérifier leur identité. Ils en avaient gardé un très mauvais souvenir : il faut avouer que les Marquisiens n’ont rien à voir avec les Gaulois …
L’empire U.S. est moribond et c’est quand il disparaîtra que les réels ennuis s’en suivront.
De fait, un empire est ce qu’il est et il est possible de lui reprocher beaucoup de choses mais pas de fonctionner en tant que tel, n’oublions pas que la France aussi en était un et que, aujourd’hui, notre pays se trouve au sein de l’Union-Européenne comme, bon an mal an, le Vietnam l’était dans ce qui fut l’Indochine.
Les problèmes de toute colonie ne proviennent pas directement de son colonisateur mais de ses élites, de dix à vingt-cinq pourcent de la population, ainsi que de l’adoption de tout ou partie de la culture du peuple dominant.
En revanche, le fait même que nous tenions cette conversation montre et démontre à l’évidence la prochaine disparition de notre état de colonisé.
On peut rajouter à ces analyses que la situation financière des USA n’est ni enviable ni viable.
On savait déjà (voir précédents billets de Jacques Henry) qu’un petit tiers de la population américaine en âge et en capacité de travailler n’a pas d’activité professionnelle (100 millions sur une population de 326 millions). Aujourd’hui, certains économistes se disent inquiets des bulles de crédits qui sont en train de gonfler dangereusement outre-atlantique :
1 – La bulle des prêts étudiants (faire des études supérieures coûte les yeux de la tête, compter 60.000 € par an pour les universités américaines les plus prestigieuses) et cela pèse plus de 1500 milliards d’USD (on a même des retraités qui continent de les rembourser !).
2 – La bulle des prêts automobiles (dans un pays où les distances sont grandes, l’automobile n’est pas un luxe, c’est une obligation) qui pèsent environ 1200 milliards.
3 – La bulle des prêts à la consommation (permise grâce aux cartes de crédit qui basculent automatiquement en mode crédit quand le solde du compte est négatif) qui pèse un peu plus de 1000 milliards USD.
On peut rajouter que les attaques de Trump contre la Chine ont provoqué une autre bulle : celle des prêts contractés par les agriculteurs américains qui n’arrivent plus à exporter vers la Chine leurs productions destinées à l’export asiatique (maïs, soja, porc…).
La production de gaz et de pétrole de schiste par fracturation hydraulique (fracking) est également problématique car elle est déficitaire depuis le début et Wall Street commence à perdre patience face au coût exorbitant de ces investissements (on parle de plusieurs centaines de milliards de pertes cumulées non remboursables).
Last but no least, il faut également intégrer à cette équation le fait que plus de 1000 milliards de dette américaine sont détenus par les chinois sous forme de bons du trésor.
La possibilité que la Chine les revende massivement risque de catalyser l’éclatement de toutes les bulles de crédit US.
À propos de la guerre commerciale entre les USA et la Chine le Donald est conscient de ce problème et il joue sur du velours. La Russie a pratiquement vendu tous les T-bonds et acheté de l’or contre des dollars. La Chine fait de même et a déjà bien entamé son stock de T-bonds. Au Japon c’est même encore plus évident. Il reste à peu près 1 trillion de dollars en T-bonds dans ces deux pays. Autant dire que les histoires avec Huawei c’est pour amuser la galerie. Le vrai problème ce sont ces T-bonds.
Pour la France la situation devient préoccupante : la dernière émission d’obligations de l’Agence France Trésor n’a été satisfaite qu’à 78 %. Ceci signifie que les créditeurs de la France ne se précipitent plus et en conséquence les taux d’intérêts vont nécessairement augmenter, mais ni Lemaire ni Macron n’en parlent. C’est extrêmement inquiétant !
Tout-à-fait :)…d’où les hausses de taxes tout azimut qui nous pleuvent dessus depuis quelques mois.