Après le refus de Washington d’accueillir une djihadiste de retour de Syrie je me suis posé une question que nulle part les médias ont avancé. Pourquoi en 1939 les pays européens ont accueilli à bras ouverts les combattants des brigades internationales qui étaient intervenus en Espagne. Il s’agissait bien, si je ne me trompe pas, de troupes non officielles intervenant dans un pays étranger comme ceux qu’on appelle des djihadistes sont intervenus en Syrie sans mandat officiel.
L’histoire se répète … Certes Franco est devenu par la suite un dictateur, mais je me permets de douter qu’Assad devienne lui aussi un dictateur sanguinaire puisqu’il est soutenu par une grande majorité de la population syrienne. À moins que je sois mal informé Franco était un militaire ambitieux voulant débarrasser son pays des exactions des Républicains qui tuaient des prêtres, violaient des religieuses, massacraient des propriétaires terriens et mettaient à sac des monastères en brûlant des bibliothèques irremplaçables. À ma connaissance Assad ne fit rien de tout cela avec son peuple. De plus ce n’est pas un militaire mais un médecin.
Les gouvernements de pays occidentaux alliés des Américains sont de sales faux-culs !
Les guerres provoquées par les USA depuis quelques décennies ont comme alibi la démocratie (qui fonctionne selon le principe « un vote, une voix », dans des pays qui généralement sont tribaux et donc dans lesquels le système « un vote, une voix » ne pourra jamais fonctionner) : on a eu ainsi les guerres contre l’Irak, la Libye, la Syrie, etc.. Ces guerres qui impliquaient auparavant des soldats américains se font de plus en plus par des mercenaires voire des groupes armés locaux, suite au constat que les russes avaient déjà fait en Afghanistan : ce sont sur le terrain des guérillas pour lesquelles les armées classiques ne sont pas préparées et ont des coûts en vies humaines trop importants (ce fût le cas de la guerre d’Algérie et de celle du Vietnam par exemple).
Les groupes armés locaux sont par exemple les casques blancs syriens ou des djihadistes recrutés, informés, équipés et financés par les USA, Israël, certains pays arabes comme l’Arabie Saoudite et le Qatar, le Royaume-Uni et aussi la France (à ma grande honte). Cela provoque moins de pertes en vies humaines et les conflits peuvent se vendre facilement à l’opinion publique américaine.
L’objectif sous-jacent est souvent un changement de régime politique (pays d’Amérique du Sud, Syrie, etc.. où l’on veut comme au Brésil et au Vénézuela placer au pouvoir une marionnette facilement contrôlable), l’appropriation de richesses géostratégiques comme le pétrole (lrak par exemple), donner un exemple dissuasif (cas de la Libye où Khadafi voulait que l’ensemble des pays africains abandonnent le dollar US), voire un panachage de ces trois objectifs.
De plus en plus, les USA -du fait de leur situation financière qui est loin d’être brillante (Jacques Henry a rappelé dans un précédent billet que 100 millions d’américains en âge de travailler sont sans emploi, sur une population totale d’environ 330 millions)- ont opté depuis quelques années pour des guerres économiques moins coûteuses par le biais des « sanctions » : on oblige un état, une organisation, une entreprise ou une personne à payer des amendes prétendument en conformité avec le droit américain -qui ne peut légalement s’extra-territorialiser mais on s’en contrefiche royalement- et on assortit l’amende de menaces de sanctions physiques (conflit armé, emprisonnement, etc., Gantanamo et les prisons américaines de haute sécurité n’étant pas réputés pour être des lieux de villégiature enviables).
L’attitude de pays alliés comme la France en ce qui concerne la Syrie est relativement limpide : que ce soient Hollande, Fabius, Macron ou Le Drian, aucun n’a été capable d’expliquer objectivement pourquoi la France avait désigné Assad comme ennemi de la république, si ce n’est officiellement par un ensemble de bobards aussi gros les uns que les autres, et il n’est pas besoin d’être un gourou de la géopolitique pour comprendre que la raison objective en est que l’état d’Israël, alias le 51ème état américain, en a décidé ainsi. Les films de propagande et les fausses attaques chimiques, organisés par les Casques Blancs syriens nous indiquent bien que tout cela résulte d’une manipulation sophistiquée de l’opinion publique et obéit à des ressorts sous-jacents liés au fait que Assad a décidé de résister à l’Oncle Sam et à Tel-Aviv, et qu’il fallait lui faire payer très cher son impudence.
L’intervention salutaire et saluée de la Fédération de Russie, aidée en sous-main par la Chine, a complètement changé la donne et a mis en évidence que dans tous ces conflits armés, il y a d’abord l’état américain qui règne de façon impérialiste sur la planète et se fiche des droits de l’homme et du droit international. Il est suivi par un ensemble de « toutous », pardon d’état vassaux comme le Royaume-Uni et la France, prétendument le pays des droits de l’Homme. Cette constatation fait que comme beaucoup de républicains, « j’ai mal à mon pays ».
D’un point de vue sociologique, je me demande si on ne pourrait pas faire un parallèle entre les croisades du Moyen-Age et les conflits américains au Moyen-Orient actuels, la défense du dieu Dollar étant la motivation principale et les croisés (militaires) sur place se servant du pillage des richesses locales pour payer leurs défraiements…(?).
Bravo pour cette présentation de la guerre d’Espagne qui ne met pas pour une fois le curseur franchement du côté « républicain »… Comme en sciences, en histoire, les faits sont les faits. Quand on observe les dérives de nos « démocraties » avec la fin de la séparation des pouvoirs, la justice n’étant plus qu’un autre moyen d’imposer des « politiques », le formatage de l’information devenu la règle le populo ne peut que crier « tous pourris ». Moi je relis Pascal et La Fontaine en me disant « bon sang mais c’est bien sûr ! ».
Les USA ont un drôle de double standard dans leur langage. Le Européens doivent reprendre leur djihadistes, même les plus féroces. Eux pas du tout. Le cas de Hoda Muthana, une jeune femme non combattante, eh bien, ils n’en veulent pas. Bien que née sur le sol US, ils ne lui reconnaissent pas la nationalité US. Reprise par sa famille, elle ne serait pas un danger. Il suffirait de l’assigner à résidence avec un contrôle et interdiction de rencontrer des fanatisés.
Elle pourrait même être utile en témoignant de ce qui s’est passé.
J’ai l’impression que les Syriens sont moins stupides que les Américains.
Je ne suis pas un spécialiste de la guerre d’Espagne, mais, à ma connaissance, le contexte international, géopolitique si l’on préfère, était la confrontation, soit idéologique, soit par délégation (Espagne, justement) entre les pays fascistes noir, brun ou bleu, et l’URSS et ses satellites, fascisme rouge si vous voulez.
Autre petite différence également avec aujourd’hui, les USA n’étaient pas ou très peu engagés dans la guerre civile, sauf via quelques individus à titre personnel (Hemingway par exemple), dans une époque pas encore maccarthysme ni guerre froide.
De plus, je veux bien que la propagande existe, mais pourquoi n’existerait elle pas chez ce « bon docteur » Assad, fils d’un doux et tendre père n’ayant jamais au grand jamais réprimé (une partie de) son peuple ?
comme bien dit plus haut, la Syrie, comme d’autres pays de la région est très clanique, et les Assad font partie d’une minorité ethnico-religieuse, les allaouites, ce qui n’incite pas à la « paix tribale » !
@pastilleverte : en effet, il faut éviter de regarder la géopolitique du Moyen-Orient avec nos yeux d’occidentaux d’origine chrétienne. Cela dit, Assad comme son père sont des alaouites (10 % des syriens) donc des chiites hétérodoxes proches de leur voisins iraniens sur le plan religieux (les iraniens sont les seuls chiites du coin pour faire simple). Bachar El Assad est médecin ophtalmologue, parle le français et l’anglais et il a reçu des mains de Jacques Chirac la légion d’honneur de la RF, ce qui montre les relations privilégiées à ce moment là entre la France et les pays arabes en général, pour qui la France est le pays de la liberté et du bon goût. Les alaouites sont des musulmans modérés. D’un autre côté, les saoudiens sont des sunnites wahabites qui prônent un islam rigoriste (charia, exécutions publiques, un mari peut égorger sa femme sans qu’on lui demande des comptes, etc..). Le dépeçage en règle du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en territoire turc nous montre que les wahabites n’ont franchement pas la même conception de la démocratie que les alaouites qui sont par comparaison infiniment plus démocrates (Assad a 90 % de sa population derrière lui pour cette raison), même si on sait que les pratiques démocratiques de la Syrie ont été peu exemplaires à l’époque du père Hafez El Assad (rappelons-nous des attentats perpétrés au Liban à une époque par les services secrets syriens). Kashoggi était un frère musulman à une époque, et bien que ce courant soit relativement sévère et célèbre en Egypte, il est perçu comme quasiment trop permissif, et donc comme une trahison des écrits saints selon certains imams saoudiens qui ont leurs entrées dans la famille régnante, les Saoud. En attendant, la politique étrangère française au Moyen-Orient a subi un virage à 180 ° depuis l’arrivée au pouvoir de Sarkozy qui a privilégié, lui comme ses successeurs, un plus grand soutien aux saoudiens et aux israéliens (donc les deux théocraties dictatoriales soutenues par les USA) au détriment des pays comme la Palestine, la Syrie et l’Iran, les ennemis traditionnels d’Israël et de l’Arabie Saoudite.
Les massacres organisés avec le soutien de la France par la coalition américaine en Libye ont radicalement transformé l’image que les pays arabes avaient de la France qui est devenue pour les modérés et les extrémistes musulmans un pays allié du « Grand Satan » (i.e. les USA)…d’où la recrudescence des attentats djihadistes en France. Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont été les derniers hommes politiques de gouvernement à véritablement comprendre la géopolitique du Moyen-Orient.
Depuis, nos ministres des affaires étrangères et nos présidents font du grand n’importe quoi dans cette région du monde : rappelons-nous de Fabius qui traitait de moins que rien le président syrien, de Juppé qui a fini par fermer l’ambassade de France à Damas, et de Macron qui a demandé à ce qu’on retire la légion d’honneur à Assad qui s’est empressé d’ailleurs de la renvoyer (à mon avis avec un bon gros crachat dans la boîte). Tout cela est pathétique de maladresses et de brutalité et constituent des actes qu’aucune chancellerie digne de ce nom ne ferait. Je vois mal des pointures de la diplomatie comme Lavrov ou Védrine commettre ce genre de stupidités. Une fois la Syrie totalement débarrassée de toute la vermine djihadiste qui y a élue domicile, il faudra reconstruire et les gros contrats vont nous passer sous le nez, les russes et les chinois, voire même les allemands, s’y tailleront la part du lion. Il nous faudra au moins 10 ans pour recoller les morceaux, alors qu’il y a peu, on nous déroulait le tapis rouge.