Nouvelles du Japon : L’ikigaï peut-il nous procurer une meilleure vie ?

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Ikigaï (生き甲斐 en japonais) est la contraction de deux mots l’un signifiant « la vie » et l’autre « la réalisation de ce que l’on désire ». Ça paraît compliqué mais, bien que je ne lise ni ne parle le japonais, les kanji ont des significations parfois synthétiques difficiles à traduire. Ikigaï peut donc se traduire plus simplement par « la raison de vivre » ou encore l’idée d’avoir un but dans la vie. Pour quelle raison on se lève le matin ? Voilà une bonne question car si on y réfléchit à deux fois autant rester couché ! Le concept japonais d’ikigaï aide au contraire à se lever et à avoir une vie active, à donner une « valeur à la vie ».

Il faut alors se poser 4 questions au réveil :

1. Qu’est-ce que j’aime ? 2. À quoi suis-je bon ? 3. Qu’es-ce que le monde attend de moi ? et 4. Que puis-je faire pour mériter un salaire ? Ces 4 questions peuvent aider à comprendre le concept d’ikigaï bien qu’il n’ait rien à voir avec la notion de travail ou de salaire. Il s’agit plutôt d’une philosophie de la vie. Un sondage réalisé en 2010 indiqua que seulement un tiers des Japonais, femmes ou hommes, mentionnaient leur activité professionnelle comme étant leur ikigaï.

Selon le Professeur d’anthropologie à l’Université d’Hong-Kong Gordon Matthews il faut associer à l’ikigaï deux autres concepts philosophiques japonais, l’ittaikan (一体感) ou l’ « idée d’appartenir à un groupe ou à avoir un rôle à jouer dans ce groupe », et le jigo jitsugen (je n’ai pas trouvé l’écriture en kanji) qui englobe en réalité les deux premiers concepts. Il en résulte un fait de la vie et non pas un style de vie, encore une autre approche difficile à comprendre. C’est peut-être la raison pour laquelle les Japonais sont si créatifs dans leur travail et aussi la raison qui explique leur longévité inégalée dans le monde.

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Source et illustration : The Telegraph

8 réflexions au sujet de « Nouvelles du Japon : L’ikigaï peut-il nous procurer une meilleure vie ? »

  1. Bonjour,
    Je pense qu’il s’agit de 自己実現 la réalisation de soi.
    Mais la prononciation est plutôt jikojitsugen. Jiko c’est quoi même, jitsu la vérité, la réalité et gen c’est la manifestation, l’expression. Un truc au sens assez large.

  2. Dans cette matrice à deux lignes et deux colonnes, on a les composantes « ce que j’aime » et « ce que je sais faire le plus facilement » qui sont du domaine de l’inné, et qui ne changent quasiment pas pour un individu donné.
    Les deux autres composantes « ce dont le monde a besoin » et « ce qui rapporte professionnellement le plus » déterminent généralement l’orientation professionnelle, au-delà des deux premières composantes, et ce sont ces deux dernières composantes reliées à la sphère professionnelle qui vont bouger constamment (du fait de l’évolution des marchés et des technologies).
    On ne peut donc les intégrer dans la durée, surtout quand elles rentrent en opposition frontales avec les composantes inhérentes à l’individu.
    Ceci indique ainsi que « l’Ikigaï » changera de nombreuses fois dans la vie d’une personne, et que de nombreux individus décideront de réorienter radicalement leur vie après l’âge de 40 ou 50 ans (une fois que les enfants sont devenus grands et que les principaux crédits ont été payés), les deux premières composantes propres à l’individu donnant alors plus de sens à sa vie que les deux autres composantes professionnelles.
    L’idéal est bien entendu que nos aspirations profondes correspondent à nos occupations professionnelles, cela s’appelle avoir la vocation et ne concerne que moins de 10 % des gens (par exemple, aller en classes préparatoires et réussir des concours d’entrée aux écoles d’ingénieurs n’a jamais été une vocation selon les élèves-ingénieurs, juste une nécessité sociale imposée par les parents et le milieu d’origine pour être sûr d’avoir un travail correctement rémunéré et/ou de sortir de sa condition sociale d’origine).
    On rencontre de moins en moins d’enseignants ayant la vocation d’enseigner (j’ai eu la chance d’en avoir quelques uns qui se comptent sur les doigts d’une main dans mon jeune temps), et on en compte de plus en plus qui se retrouvent à enseigner sans aucun talent, et qui sont là fondamentalement pour être sûr d’avoir un emploi à vie. C’est bien dommage.

    • PS : trouver sa voie, ou écouter sa voix intérieure, c’est une des grosses préoccupations d’aujourd’hui, et c’est également le thème central du livre « L’achimiste » de Paolo Coelho qui est devenu immédiatement après sa sortie un best-seller en 1994…il s’en est vendu plus de 150 millions d’exemplaires…comme quoi, le thème de « l’Ikigaï » est central dans nos sociétés ; je me souviens d’une citation de ce livre : « Quand on veut une chose, tout l’Univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve. »…bref c’est un livre sur la motivation écrit avec une simplicité biblique, ce qui a permis à son auteur de toucher le maximum de publics.

      • Quand j’ai écrit un billet sur mon blog au sujet des travaux de David Schubert au début de l’année 2018 relatifs à la maladie d’Alzheimer, il m’a envoyé un mail pour me féliciter personnellement et me dire que j’aurais été un journaliste scientifique exemplaire. Mais je n’aurais jamais pu atteindre cette qualité que reconnaissait David si je n’avais pas fait des études universitaires longues et difficiles parce qu’il fallait aussi que je gagne ma vie. Entre le bac et mon dernier diplôme : 14 ans ! Pour faire de que l’on a réellement envie de faire nécessite l’acquisition d’un corpus de connaissances.
        Maintenant, de manière très réaliste je me souviens de mon enfance au milieu de la campagne profonde. Quand mon père décida de créer un verger devant la maison il fit appel à un pépiniériste dont le titre était usurpé car il était un paysan comme tous ceux de mon hameau natal. Il avait acquis le savoir de greffer des arbres fruitiers puis de les tailler afin qu’ils produisent de manière optimale les meilleurs fruits. Il avait acquis ce corpus de connaissances transmis par ses parents au même titre que celui que j’acquis de la part des professeurs de l’université. Quelle différence y a-t-il ? Aucune. J’ai suivi l’évolution de ce verger familial pendant plusieurs années puisque je ne suis allé à l’école qu’à l’âge de 10 ans et ce pépiniériste était devenu mon ami. Finalement, par un effet du hasard, j’ai terminé ma carrière de chercheur dans un centre de recherche agronomique. Greffer des arbres fruitiers et ensuite les tailler afin qu’ils produisent au mieux n’est-il pas un beau métier ?

      • Il n’y a pas de sot métier. Apparemment, vous avez la chance d’avoir plusieurs « Ikigaï », grâce à une excellente culture générale, chose qui se perd malheureusement dans nos sociétés post-industrielles ultra-digitalisées. De plus, vous avez suffisamment produit de billets pour en faire plusieurs livres. Vous avez déjà dû y penser je suppose 🙂 …

  3. Au golf ou au tennis, on utilise l’expression « être dans la zone »…ou « être dans sa zone de confort »; c’est un état physique et mental qui permet au champion d’être à son meilleur niveau sans avoir l’impression de dépenser de l’énergie. Voila qui pourrait être une autre définition de « l’Ikigaï »qui semble être une expression venant de l’ile d’Okinawa, si j’en juge par ce papier de la BBC : http://www.bbc.com/capital/story/20170807-ikigai-a-japanese-concept-to-improve-work-and-life

  4. Je préfère la marguerite comme diagramme. Les humains et leur société sont bien complexes et une schématisation excessive peut conduire au désastre… A l’image du bouddhisme c’est assez autocentré et je ne vois pas de place pour la famille, cela explique peut être le peu de goût pour la « chose » et le manque cruel d’enfants.

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