Maladie de Parkinson : une première mondiale au Japon

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La maladie de Parkinson peut être induite chez les primates à l’aide d’une neurotoxine appelée MMP+, acronyme de 1-methyl-4- phenylpyridinium. Si on traite un singe communément utilisé comme animal de laboratoire comme par exemple le macaque (Macaca fascicularis) cette fois avec du MPTP (1-methyl-4-phenyl-1,2,3,6-tetrahydropyridine) qui peut traverser la barrière cérébrale et se transformer ensuite en MMP+ alors l’effet observé est une mort des neurones dopaminergiques et les conséquences sont l’apparition des symptômes caractéristiques de la maladie de Parkinson. Le macaque traité de la sorte sert de modèle pour étudier cette maladie et il a été utilisé par l’équipe du Docteur Jun Takahashi de l’Université de Kyoto pour tenter de restaurer les fonctions cérébrales du macaque ainsi traité en introduisant directement dans le mésoencéphale des cellules souches pluripotentes obtenues à partir de cellules adultes et redirigées pour se transformer en neurones dopaminergiques.

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Je sens que mes lecteurs ont décroché alors il est ici opportun de préciser quelques points. Les cellules souches sont non seulement présentes chez l’embryon mais également dans l’organisme adulte car elles participent à la régénération des organes et également dans la moëlle osseuse à la production des cellules sanguines. Diverses techniques permettent de rediriger la différenciation des cellules souches dites pluripotentes en un type précis de cellules adultes à l’aide de facteurs de transcription judicieusement choisis. Il est alors possible d’établir une lignée cellulaire stable comme dans le cas qui est exposé ici des neurones dopaminergiques. Quant à ce type de neurones il en existe diverses catégories qui sont classées selon leur localisation dans l’encéphale.

L’équipe du Docteur Takahashi a donc décidé, après le plein succès avéré sur deux années de retour d’expérience sur des macaques, de procéder à un essai clinique en introduisant dans le mésencéphale des cellules souches redirigées en neurones dopaminergiques. Les cellules adultes initiales utilisées pour cet essai proviennent d’un stock établi à partir de cellules provenant de donneurs sains et rendues pluripotentes par une approche expérimentale récompensée par le Prix Nobel mise au point par le Docteur Shinya Yamanaka de l’Université de Kyoto. Le premier essai clinique de ce genre a été tenté au Riken Institute pour le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. La vision n’a pas été totalement restaurée mais l’évolution de la maladie a été très largement ralentie. Partir d’un stock de cellules plutôt que de celles du patients lui-même présente l’avantage d’être infiniment moins coûteux mais il faut accompagner le traitement d’immunosuppresseurs pour éviter tout risque de réaction de rejet qui pourrait être fatale. Six patients seront sélectionnés et seront suivis durant au moins deux années.

Source : Science magazine

4 réflexions au sujet de « Maladie de Parkinson : une première mondiale au Japon »

  1. Reprogrammer des cellules somatiques animales déjà différenciées en cellules souches pluripotentes est déjà un exploit ; reprogrammer ces dernières pour induire une différenciation dirigée en cellules neuronales est tout aussi extraordinaire. L’idéal serait d’utiliser les cellules du patient. On n’aura ainsi pas de problèmes de rejet immunitaire, le complexe majeur d’histocompatibilité de la surface cellulaire externe restant le même. Ce serait franchement la classe puisque cela ouvrirait la porte à des traitements sur mesure, et il est clair que nos amis japonais ont pris une longueur d’avance.
    Reste à espérer que ces travaux in vivo aboutiront rapidement et permettront de trouver des traitements pour les maladies neurodégénératives qui font des millions de victimes chez l’homme tous les ans sans qu’on sache pourquoi : Parkinson, Alzheimer, SLA rendue involontairement célèbre par feu le Pr Stephen Hawking, etc…(je me mets à la place de gens qui doivent s’occuper de parents qui ne les reconnaissent plus et qui ne sont plus autonomes physiquement…les délivrer de ces souffrances serait un des plus grands services qu’on pourrait rendre à l’humanité).
    Le fait que des macaques soient pris comme cobayes devrait en faire hurler plus d’un, je suppose, mais c’est le prix à payer pour faire avancer la médecine humaine dans la mesure on ne sait pas encore mener ce genre d’expérimentations in vitro de façon efficace.

      • Oui justement ! Les cellules souches redirigées pour être un autre type de cellules peuvent être considérées comme des organismes génétiquement modifiés puisque les gènes codant pour les facteurs spécifiques de transcription sont introduits à l’aide virus. La médecine moderne fait en effet appel à des « OGMs » comme par exemple les anticorps monoclonaux pour la production de tous les nouveaux médicaments « mab ». Mais c’est la médecine et il y a des ouvertures incontestables dans ce domaine. Pour le maïs ou le riz doré c’est une toute autre histoire. Je ne pense pas que les écolos vont s’attaquer de front aux progrès de la médecine : ils s’attireront de lourdes réactions négatives. Il suffit de se remémorer que des centaines de millions d’enfants sont vaccinés avec des produits fabriqués à l’aide de bactéries ou de levures génétiquement modifiées, c’est plus propre et beaucoup moins complexe à produire. La révolution de la génétique – car il s’agit bien d’une révolution – échappe à la compréhension de ces activistes stupides qui ne comprennent rien du tout. Il n’y a qu’à constater le verdict du tribunal californien qui condamne Monsanto alors que chimiquement le glyphosate ne peut en aucun cas être cancérigène, et croyez-moi, je suis titulaire d’un doctorat de chimie et d’un doctorat de biologie … Mais Hulot et ses acolytes sont des béotiens.

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