L’affaire HSBC-Falciani rebondit : la faute aux démocraties corrompues.

Capture d’écran 2018-04-07 à 14.22.27.png

Hervé Falciani a été serré par la police espagnole mardi dernier 3 avril 2018.

Il y a dix ans Hervé Falciani (photo prise à Madrid la semaine dernière) vola des données d’HSBC-Suisse relatives à plus de 130000 évadés fiscaux. L’Allemagne, la France, l’Autriche, la Belgique et l’Argentine négocièrent avec Falciani l’accès au contenu des trois disques durs qu’il avait emporté avec lui. Quand la France, pays dont Falciani est citoyen et qui vit en Espagne depuis quelques années sous la protection des Nations-Unies, tenta de poursuivre certains clients français d’HSBC il lui fut opposé par la Cour Suprême helvétique une fin de non recevoir car les autorités suisses, très jalouses de leur secret bancaire, l’un des piliers de la richesse de la Confédération, considéraient qu’elles ne pouvaient donner suite à une telle demande, les données communiquées par Falciani à l’administration fiscale française ayant été volées et n’entrant donc pas dans le cadre des principes moraux très respectables de la Suisse. Ceci n’empêcha pas le fisc français de menacer un certain nombre de personnes qui finalement cédèrent et rapatrièrent leurs biens en France et payèrent des taxes allégées en signe de repentance.

Falciani fait l’objet de poursuites judiciaires de la part des autorités suisses depuis 2014 et il risque 5 ans de prison s’il est extradé par le pouvoir espagnol. Et c’est là qu’on se rend compte à quel point les pays dits démocratiques sont fondamentalement corrompus. Le pouvoir de Madrid voudrait que la Suisse extrade deux personnalités indépendantistes catalanes, Marta Rovira et Anna Gabriel, qui se sont réfugiées à Genève, en échange de Falciani.

Capture d’écran 2018-04-07 à 21.15.46.png

Il y a un autre aspect dans cette affaire car Falciani n’a pas été appréhendé par hasard par la police espagnole. Cette action a été télécommandée par la famille de banquiers ultra-riche Botín dont le membre éminent maintenant décédé, Emilio Botín, contrôla la banque Santander durant des années, banque qui est maintenant entre les mains de sa fille Ana Patricia. En effet le père de cette personne qui compte parmi les 19 femmes les plus riches du monde selon le classement de Forbes a placé tout à fait illégalement 2 milliards d’euros dans des banques suisses à titre familial dont … HSBC-Genève. Mariano Rajoy, Président du gouvernement espagnol, très proche de la famille Botín via l’Opus Dei, et ses liens douteux avec l’industrie financière espagnole en général, a donc obtempéré et va probablement extrader Falciani vers la Suisse où il ira croupir durant 5 ans dans les prisons helvètes.

Que va faire le Quai d’Orsay ? Naturellement rien du tout puisqu’il s’est vu opposer l’obstruction de Berne dans l’affaire des fichiers HSBC … Après on déclarera que les pays européens sont des démocraties, j’en rigole ! Il faut reconnaître que Falciani n’est pas un lançeur d’alertes de tout reproches comme Snowden ou Assange mais il aurait tout aussi bien pu confier ces fichiers à de telles personnalités recherchées par la CIA. On vit finalement dans un monde bien étrange où tous les coups les plus glauques sont permis.

Source : inspiré d’un article de Don Quijones paru sur le site Wolfstreet.com, illustrations : Falciani portant perruque et lunettes (El Pais) et Ana Patricia Botín (Forbes). Note : l’urgence de l’actualité m’a conduit à publier ce deuxième billet de la journée, en conséquence pas de billet demain dimanche, ce qui laissera beaucoup de temps de réflexion à mes fidèles lecteurs.

3 réflexions au sujet de « L’affaire HSBC-Falciani rebondit : la faute aux démocraties corrompues. »

  1. Ca me rappelle l’affaire des Luxleaks : le ministre Sapin a péroré devant Elise Lucet en expliquant qu’il avait pu rapatrier beaucoup de milliards d’impôts non payés…par contre, les auteurs de ces révélations pointent au chômage et touchent le RSA.
    Les milliardaires tricheurs , entre deux petits fours et une coupe de champagne, apprécieront certainement 🙂

    • Une belle part des « révélations » d’Elise Lucet dans son 1er « Cash investigation » sur le Luxembourg étaient bidonnées de À à Z.
      Quand on la voit tenir une liasse de tax rulings entre les mains et qu’on connaît un peu le sujet, on rigole bien.
      Propagande de FranceTV et de la bienveillante Élise qui s’est fait une spécialité des reportages à charge sans argument valide…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s