Les peintures retrouvées dans les grottes occupées par nos lointains ancêtres entrent dans la catégorie de l’art pariétal. L’un des exemples les plus connus au monde est la grotte de Lascaux et les peintures de cette grotte découverte en 1940 ont été précisément datées. Elles ont été exécutées 17000 ans avant l’ère présente. De ce fait elles ont été attribuées à l’homme moderne et les spécialistes en la matière ont considéré que seul l’homme moderne avait été capable dans le passé de réaliser de telles oeuvres d’art. L’homme de Néandertal, qui rencontra les hommes modernes et fait ami-ami avec eux était considéré comme trop peu développé pour peindre quoi que ce soit sur les parois d’une grotte puisqu’on sait qu’il maîtrisait le feu, car il faut du feu pour s’éclairer dans une grotte. Le débat fut donc clos … Jusqu’à la datation précise des peintures rupestes de la grotte de Maltravieso qui se trouve aujourd’hui dans la ville de Caceres dans province d’Extramadur en Espagne. Il s’agit d’empreintes de main en négatif (illustration ci-dessus) comme il y en a également à Lascaux.
Ces empreintes ont été datées précisément après avoir prélevé de minuscules fragments de calcite par la technique isotopique uranium/thorium. Ces empreintes ainsi que d’autres motifs picturaux présents dans cette grotte datent de 66700 ans c’est-à-dire 25000 ans avant les peintures les plus anciennes de l’homme moderne découvertes dans la Grotte Chauvet en Ardèche qui sont antérieures à celles de Lascaux.
Le débat relatif à l’antériorité des oeuvres d’art pariétal est donc de nouveau ouvert, de même que les causes de la mystérieuse disparition des Néandertaliens il y a environ 40000 ans. Si certains scientifiques considèrent toujours que ces peintures auraient pu tout aussi bien être l’oeuvre de l’homme moderne il faut cependant remettre les choses à leur place.
La plus ancienne oeuvre d’art a été retrouvée dans la grotte de Blombos en Afrique du Sud. Il s’agit d’un fragment d’ocre décoré de motifs en zig-zag datant de plus de 100000 ans réalisée par « l’homme moderne » qui n’avait pas quitté l’Afrique. Mais l’oeuvre d’art la plus ancienne a été retrouvée en Indonésie. Il s’agit de coquillages ornés également de motifs en zig-zag datés de plus de 500000 ans. L’artiste était un ancêtre cousin encore plus lointain appelé Homo erectus puisqu’il était bipède.
L’homme « moderne » a donc perdu le privilège de la créativité artistique qu’on lui attribuait et à lui seul. Illustrations en lumière ultraviolette et fluorescence et en lumière naturelle (lampe au xénon).
Illustrations : The Guardian et Le Temps (Genève), source : Science, doi : 10.1126/science.aao5646