Vers une maîtrise totale du cancer du col de l’utérus

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Chaque année dans les pays de l’OCDE 530000 femmes souffrent d’un cancer du col de l’utérus et le nombre de décès annuellement provoqués par ce cancer est de 265000. Les récents progrès de la médecine devraient pourtant permettre d’atteindre zéro morts pour ce type de cancer. Le dépistage précoce et la vaccination sont en effet les deux piliers de cette prévention. Par dépistage il est fait le plus souvent référence au test « Pap » mis au point à la fin des années 1940 par le Docteur George Papanicolaou. Il consiste à effectuer un frottis vaginal au niveau du col de l’utérus et de procéder à un examen cytologique des cellules recueillies pour vérifier si celles-ci sont cancéreuses. Ce test a permis de réduire considérablement la mortalité depuis qu’il est systématiquement proposé aux patientes mais il est lourd à mettre en oeuvre et reste malheureusement trop subjectif. C’est ainsi que près du tiers des femmes ayant pourtant un test Pap satisfaisant sont pourtant positives et seront alors diagnostiquées trop tardivement et ce test a aussi l’inconvénient de conduire à des « faux » positifs qui rendent inutiles les examens complémentaires.

La vaccination encore récente devrait, si elle est pratiquée systématiquement chez les jeunes filles pubères avant leurs premiers rapports sexuels, réduire considérablement l’incidence de ce cancer. Pour l’instant il n’y a pas assez de recul pour disposer de statistiques suffisantes relatives à la baisse de l’incidence de ce cancer dont près d’une femme sur deux en meurt après avoir été diagnostiquée trop tardivement. Le cancer du col de l’utérus, comme d’ailleurs celui de l’anus, est pratiquement dans 100 % des cas provoqué par les souches 16 et/ou 18 du virus du papillome (HPV). Les laboratoires pharmaceutiques ont donc orienté leurs travaux vers la mise au point d’un test de détection de ce virus utilisant la même technique d’approche que le test Pap mais utilisant une révélation de la présence du virus à l’aide d’anticorps spécifiques. Une étude réalisée en Europe auprès de 60000 femmes a permis de valider ce nouveau test en contrôlant par colposcopie (ne pas confondre avec la coloscopie) la présence d’une tumeur ainsi que par cytologie. Au cours de cette même étude l’efficacité du test Pap s’est avérée n’être que de 53 %, en d’autres termes une femme sur deux échappe à la détection de cellules cancéreuses ! Le test mis au point par un grand laboratoire pharmaceutique que je ne nommerai pas puisque je ne suis pas un publiciste s’est révélé être efficace à 96 %.

Cette même technologie est ensuite utilisée pour orienter le traitement ou l’intervention chirurgicale nécessaires en cas de résultat positif. Dans la mesure où ces tests peuvent être aisément automatisés le dépistage systématique du cancer du col de l’utérus sera donc considérablement allégé en termes de coût. Il reste naturellement à promouvoir la vaccination qui ne présente aucun risque d’effets secondaires et devrait être rendue obligatoire compte tenu du fait que plus de 80 % des femmes sont en contact durant leur vie avec l’un au l’autre type de virus HPV. Et les hommes dans cette histoire ?

Source et illustration : ats

11 réflexions au sujet de « Vers une maîtrise totale du cancer du col de l’utérus »

  1. Chez l’homme ? …chez l’homme, c’est bien sûr le cancer de la prostate qui est le sujet.
    Bien que ses causes ne soient pas encore clairement déterminées, il semblerait que ce cancer soit fortement réduit en s’astreignant à une vingtaine d’éjaculations par mois (https://doi.org/10.1016/j.eururo.2016.03.027).
    Les adeptes du taoïsme vont être déçus…

    • J’ai laissé cette interrogation car l’homme véhicule le virus qui peut provoquer des tumeurs de la verge et aussi et surtout des cancers de l’anus alors pourquoi ne pas vacciner aussi les hommes. Entrez le mot papillome dans l’onglet de recherche de mon blog vous trouverez des éléments de réponse.

      • Bonne question en effet !

        Il semblerait que le vaccin (le « Gardasil ») soit disponible pour les hommes, surtout s’ils ont des relations homosexuelles et/ou sont immuno-déprimés, si l’on en juge d’après un avis du Haut Conseil de la Santé Publique en France –> https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=552

        Si j’ai bien compris, l’accès au vaccin pour tous les hommes ne constitue cependant pas une priorité de santé publique pour le ministère de la santé, compte-tenu du très faible nombre de personnes potentiellement touchées par des infections au papillomavirus (souches oncogènes : VPH 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58).

        C’est un avis qui mérite débat en effet…mais en période de restrictions budgétaires, on devine facilement la suite qui pourrait en être donnée.

  2. Le meilleur test de dépistage des virus HPV est une méthode d’amplification génomique qui permet de distinguer les génotypes oncogènes; ce type de méthodologie est nettement supérieure à la reconnaissance des virions par des anticorps , tant en termes de sensibilité que de spécificité.
    Une campagne de ce type s’est déroulée en Champagne Ardennes et la méthode de prélèvement des échantillons pour examen cytologique (ex frottis de dépistage) utilise le transfert d’un échantillon recueilli par brossage dans un milieu de suspension permettant la confection de spots de lecture grâce à une cytocentrifugeuse et la recherche du HPV par amplification génomique; cette dernière est systématique, dans mon expérience, en cas de constat de la présence d’atypies cellulaires.

  3. Dans un monde idéal, il faudrait que les adolescents prépubères soient vaccinés contre l’HPV, sans distinction de sexe.

    Cependant, j’ai été surpris en début de semaine, en allant dîner dans un des bar-restaurants du quartier, de croiser des voisins un peu groggy par la crève qui à ma question « Vous êtes-vous faits vacciner contre la grippe ? » m’ont répondu tout de go : « Hors de question, jamais de vaccins, c’est un coup à choper des maladies ! ». Silence gêné de ma part.
    Par curiosité, j’ai posé la même question à pas mal de personnes du coin, mine de rien.
    Je me suis aperçu qu’un pourcentage énorme de personnes pensent comme ça.
    Ca m’a laissé songeur, pour ne pas dire pantois.
    Il faut déjà qu’ils digèrent la nouvelle série des 11 vaccins obligatoires.
    Alors, de là à leur conseiller de faire vacciner leurs enfants pré-pubères contre l’HPV, responsable de maladies sexuellement transmissibles et de cancers de toutes sortes, je crois qu’il y a encore beaucoup de travail d’explication à faire.
    A part l’obligation légale, je ne vois pas trop comment convaincre ces personnes.

    Décidément, l’ignorance scientifique fait de sacrés ravages dans nos sociétés de façon silencieuse et rampante. Il me semble que c’est Malraux qui a dit au cours d’une conversation que le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas.
    Je crois plutôt qu’il sera celui du retour à l’obscurantisme si on continue comme ça.

    • Vous venez de mettre le doigt sur un vaste sujet de réflexion ! Je suis un ancien scientifique et j’ai lu le Discours de la Méthode de Descartes et l’Introduction à l’Etude de la Médecine Expérimentale de Claude Bernard et j’avoue que la spiritualité n’entre pas dans mes critères de réflexion par contre l’obscurantisme relève d’une manipulation de la science pour lui faire dire le contraire des évidences à des fins idéologiques ou politiques voire religieuses. D’où pour ma part une collusion entre obscurantisme et religion(s). Le créationisme en est un exemple emblématique.

      • Les anciens paysans disaient qu’on ne saurait faire boire un âne s’il n’a pas soif…en effet 🙂

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