Quand le Président Donald Trump est passé par Varsovie l’été dernier il a dit aux autorités polonaises : « Si vous avez besoin de charbon passez-moi un coup de téléphone« . Comme la compagnie minière nationale polonaise PGG n’arrive pas à satisfaire les objectifs d’extraction fixés par le gouvernement – 28 millions de tonnes de charbon extraites au lieu des 32 attendus – la Première Ministre polonaise Beata Szydlo a donc décroché son téléphone et le premier navire américain en provenance de Baltimore chargé de 73600 tonnes de charbon de Virginie de l’Ouest est arrivé la semaine dernière en vue du port de Gdansk. C’est une première car seules des compagnies privées étaient autorisées à importer du charbon de l’étranger. PGG n’est qu’un des acteurs polonais de l’extraction de charbon car la production totale du pays est de 57 millions de tonnes par an (prévisions pour 2017) et l’électricité est produite pour 80 % à partir de charbon. Pas question donc pour le gouvernement polonais actuel soutenu par le « parti national pour la loi et la justice » d’abandonner le charbon de Silésie comme source d’énergie abordable alors que d’autres pays de l’Union européenne se tournent vers des énergies plus propres comme le gaz naturel ou encore les moulins à vent …
Comme l’accord de Paris issu de la COP 21 n’impose pas d’obligations spécifiques de la part des signataires (la Pologne a ratifié le traité) le pays continuera à extraire du charbon pour alimenter son industrie lourde et produire de l’électricité. Cependant les mines polonaises souffrent d’années de sous-investissement, elles sont dangereuses et leur exploitation en profondeur provoque souvent des accidents. Si les USA ont consenti un prix « spécial » de 85 dollars par tonne, il est très en dessous du prix spot sur le marché international tiré par la Chine qui atteint environ 110 dollars la tonne. Et si l’hiver qui vient est exceptionnellement froid alors la Pologne devra se tourner vers la Russie.
Curieusement, donc, le marché du charbon est beaucoup plus stratégique qu’il n’y paraît avec des enjeux géopolitiques ignorés car le gaz naturel russe qui inonde l’Europe et le « GNL » américain ont occulté le marché du charbon. Le Président américain travaille aussi pour les mineurs américains car ils font face à une diminution de la demande en charbon des compagnies d’électricité qui se convertissent au gaz de schiste. La crise du charbon en Pologne est donc du pain béni pour Washington et la Pologne, comme la Virginie de l’Ouest, n’abandonnera pas son charbon avant longtemps quoique puissent en penser les technocrates de Bruxelles minés de l’intérieur par les partis écologistes.
Source et illustration (centrale électrique de Zeran près de Varsovie) : Reuters
Bonjour Jacques , il faut croire que la pollution est plus « écologique » dans les esprits et que la réalité économique fait que des grands pays comme les USA la Pologne et surtout l’Allemagne , grand modèle économique (heu…) mettent leur mouchoir enveloppant la situation réelle de leur indépendance en énergie propre, dans leur poche.
La France et l’abandon du nucléaire , la volonté de « mettre en faillite » notre EDF, nous promet grâce à nos gouvernants , de nous faire retrouver et grâce « au réchauffement climatique » les joies
du coupage et sciage de bois de chauffage pour se chauffer un brin! quid de ceux qui se logent en « collectif »?
Vaste discussion , où la réalité dépasse les caps de toutes les « COP »
Les polonais sont peut-être en avance d’un temps ? Avec le refroidissement qui s’annonce on va probablement les remercier de faire du CO2 ? Mais c’est pour ceux qui croient à l’effet de « serre tête », dommage !
Simple : elle a bien raison 🙂