Hygiène domestique : un problème très relatif

Capture d’écran 2017-09-08 à 18.19.42.png

Durant mon enfance l’hygiène des mains passait parfois au second plan alors que c’est peut-être le premier geste que l’on enseigne à un enfant. On se mettait copieusement les doigts dans le nez après avoir caressé une vache dans l’étable, voire un cochon dans la porcherie de la ferme voisine. Autant que je me souvienne, les étés interminables et brûlants sans une goutte de pluie (Dans les années 50 le climat était plus froid qu’aujourd’hui, à ce qu’il paraît) nous obligeaient mes soeurs et moi-même à n’utiliser que très parcimonieusement l’eau précieuse qui avait une fâcheuse tendance à se raréfier dans le puits situé à l’intérieur de la maison natale. Autant dire que se laver les mains et le reste du corps n’était pas notre préoccupation première. L’hygiène corporelle est devenue au fil du temps un véritable phénomène de société qui enrichit les fabricants de savons, de détergents parfois nocifs, de shampoings sophistiqués et autres produits classés dans la rubrique des cosmétiques sans oublier de mentionner toutes ces crêmes magiques pour combattre le vieillissement de la peau – surtout la peau du visage – mais qui n’ont strictement aucun effet physiologique et ne sont exposées à la vue des clients des pharmacies mais aussi des supermarchés que uniquement pour le plus grand profit des cosméticiens.

Mais revenons à l’hygiène basique que nous impose le matraquage médiatique incessant. Il y a quelques semaines un article très scientifique émanant de microbiologistes de l’Université allemande de Furtwangen a alerté le monde entier sur la dangerosité des éponges de cuisine (illustration) qui sont polluées – plus de 60 % d’entre elles – par des microorganismes pathogènes particulièrement dangereux. Pour bien paniquer les téléspectateurs gogos et les lecteurs de la presse féminine il était important de mentionner quelques-unes de ces redoutables bactéries : Acinetobacter johnsonii, Moraxella osloensis, Chryseobacterium hominis ou encore Acinetobacter ursingii, ça sonne bien ! En réalité ce sont des bactéries potentiellement pathogènes pour les immuno-déprimés malades du SIDA ou traités par thérapie contre un rejet de greffe. Pas de quoi fouetter un chat, ces personnes savent qu’elles doivent faire attention … L’article est en consultation libre pour la bonne cause, doi : 10.1038/s41598-017-06055-9

Un autre truc particulièrement « sale » est le torchon de cuisine avec lequel on essuie les assiettes et les couverts – à croire que personne ne sait faire la vaisselle correctement – surtout quand on s’essuie ensuite les mains avec ce même torchon. Un autre étude alarmiste a montré que dans plus de 25 % des cas ces torchons étaient contaminés avec des colibacilles et qu’il fallait les laver tous les deux jours. Dans le palmarès des nids de germes pathogènes de la maison il y a aussi la literie riche en sueur humaine, en particules de peau et bien d’autres petits résidus que je ne nommerai pas qui favorisent la croissance des champignons et des bactéries. Les règles d’hygiène moderne préconisent de laver les draps une fois par semaine. Pour ma part je les lave deux fois par mois, je suis donc doublement exposé à toutes sortes d’attaques de microorganismes plus ou moins méchants. Cependant j’utilise un programme de lavage de 30 minutes avec une températures de 30 °C. Est-ce suffisant pour tuer tous ces « microbes » y compris avec un détergent ultra-puissant ? Permettez-moi d’en douter. Ma grand-mère et ma mère faisaient bouillir la literie avec du « savon de Marseille », ça c’était la grande époque des draps « plus propres que propres », mais c’est un lointain souvenir !

À la salle de bains il y a un autre nid carrément répugnant de bactéries et autres champignons, le vulgaire verre à dent qu’on utilise pour se rincer la bouche et dans lequel on entrepose ensuite avec négligence la brosse à dent, elle-même carrément sale à moins de l’avoir nettoyée avec de l’eau de Javel ce que je fais aussi régulièrement, un peu obsédé par ce produit magique qui tue 99,8 % de tous les germes sans exception y compris les virus.

Restent dans cette énumération presque macabre les poignées de porte et les barres horizontales pour pousser les caddies dans les supermarchés, de vraies sources d’infections redoutables. Ah bon, et les barres et poignées des autobus et des rames de métro, les sièges des avions et la liste peut occuper une page entière si l’on devient subitement obsédé par la propreté et l’hygiène ? Tout est relatif et il est tout aussi bénéfique de laisser l’organisme construire ses propres défenses plutôt que de faire la chasse systématique aux bactéries avec lesquelles nous vivons tous en relative harmonie depuis notre venue au monde.

Inspiré d’un article paru sur Business Insider

6 réflexions au sujet de « Hygiène domestique : un problème très relatif »

  1. « j’utilise un programme de lavage de 30 minutes avec une températures de 30 °C. »

    Je fais pareil, même à 20 C parfois. Il reste bien quelques petites bébêtes, mais c’est assez propre. Tous les 15 jours, parfois plus. L’oreiller dès qu’il colle ou devient trop jaune…
    Sinon, il faut sortir le chalumeau : là c’est très propre. Blague à part, on peut donner un coup de fer à repasser, ce n’est pas du 100%, mais c’est très propre, un bonne partie des bébêtes étant cuites.

  2. Plutôt que de chasser sans fin les indésirables, on peut se contenter d’éviter de les cultiver en évitant les conditions humides, tièdes et confinées.

    Exemple simple : vous séchez un verre à plat et un verre posé de travers pour que l’air circule. Le premier sentira le chien mouillé à la différence du second.

    Pour le corps, pareil : les endroits à risques sont les pieds, aines… donc attention aux conduits auditifs des sportifs obstrués d’un écouteur !

    Pour le reste, il s’agit du problème habituel de la contamination par les mains, qu’on retrouve tout autant ailleurs qu’à domicile. Et la condition aggravante de la multiplicité des utilisateurs.

Répondre à amike Annuler la réponse.