Religion et santé mentale : une corrélation positive confirmée

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C’est le sociologue français Emile Durkheim qui le premier établit en 1897 un semblant de relation entre le taux de suicide et la pratique religieuse. Cet auteur, mondialement reconnu comme étant le créateur de la sociologie moderne, introduisit le concept de conscience collective et il rapprocha le taux de suicide observé des deux principales religions chrétiennes de l’époque, le catholicisme et le protestantisme. Sans recourir aux méthodes modernes d’analyse sociologique il remarqua que ce taux était significativement inférieur chez les catholiques pratiquants. La notion de conscience collective étant alors un terme mal défini Durkheim attribua cette différence au fait que la religion catholique facilite une plus complète intégration dans la mesure où cette pratique religieuse laisse moins d’autonomie en termes de croyance que la religion protestante. Cette étude qui fit grand bruit lors de sa publication vient de faire l’objet d’une vaste enquête aux USA, le suicide étant dans ce pays la quatrième cause de mortalité chez les personnes de 18 à 65 ans.

Le Docteur Tyler Vanderweele (Université de Harvard) a utilisé la base de données relative à la santé du personnel hospitalier nord-américain essentiellement féminin suivie et mise à jour depuis 1976. Les analyses statistiques multifactorielles sur 89708 participants sur un total de 121700 personnes inclurent les pratiques religieuses répertoriées en 1992 et 1996. Tous les autres facteurs pouvant influer sur les tendances suicidaires tels que la consommation d’alcool, de café, de drogues ainsi que les symptômes dépressifs et le statut social, statut marital, nombre d’amis, etc, ont été passés au crible lors de l’analyse de ces données. Il en est ressorti toutes sortes de renseignements d’ordre sociologique qui corroborent les premières observations de Durkheim. Par exemple les personnes participant à un office religieux (au temple ou à l’église) au moins une fois par semaine consommaient moins d’antidépresseurs, fumaient moins et étaient plus souvent marié(e)s que les personnes n’ayant aucune pratique religieuse. Quant au taux de suicide (réussi ou tentative) il s’est trouvé qu’il était 5 fois inférieur quand les sujets assistaient régulièrement à un office religieux catholique alors que ce taux était plus élevé chez les personnes pratiquant la religion protestante quelle qu’elle soit.

Le suicide est considéré par la religion chrétienne comme une faute et c’est la seule explication qui ressort de cette étude bien que la différence entre les catholiques et les protestants s’estompe quand les sujets, se déclarant pourtant soit catholiques soit protestants, ne vont que très rarement ou pas du tout assister à des offices religieux. Indéniablement, et comme Durkheim le nota dans son ouvrage « Le Suicide », la religion est donc centrale dans le concept de conscience collective mais pas seulement car pris individuellement les sujets étudiés intègrent les préceptes de l’enseignement religieux dans leur vie, le respect de celle-ci et par voie de conséquence le respect de leur santé physique et mentale.

Source : JAMA Psychiatry, doi : 10.1001/jamapsychiatry.2016.1243

Illustration : Emile Durkheim (Wikipedia)

3 réflexions au sujet de « Religion et santé mentale : une corrélation positive confirmée »

  1. Les athées ont en moyenne un niveau d’éducation significativement plus élevé que les religieux . les protestants ont également un niveau d’éducation plus élevé que les catholiques. Le suicide est parfaitement corrélé au niveau d’éducation. L’explication du suicide n’est probablement pas dans le fait religieux …

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