Manger des grenades c’est excellent pour la forme physique !

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La grenade, aussi appelée pomegranate, est le fruit d’un arbuste (Punica granatum) de la famille des lythracées dont le sirop rouge-rosé est bien connu des amateurs de cocktail (avec ou sans alcool) en raison de cette couleur joviale. On pourrait s’arrêter là et reléguer ce fruit au rang de curiosité réservé à ceux qui ont le courage d’avaler les graines. Il faut aller en Iran, le pays d’origine de cet arbuste, pour découvrir les multiples usages culinaires de la grenade y compris dans la médecine traditionnelle. La grenade, et en particulier la peau des graines, contient des polyphénols comme beaucoup d’autres fructifications dont le rôle est de repousser les insectes ravageurs. Ces polyphénols spécifiques de la grenade s’appellent des ellagitannines et sont classés dans la famille des tannins. Nos lointains ancêtres chasseurs-cueilleurs devaient être des amateurs de grenades mais ils n’eurent jamais conscience des bienfaits de ce fruit. Ce n’est que récemment qu’une équipe de biologistes de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse s’est penchée sur ces bienfaits de la grenade en se focalisant sur les produits de la digestion par les bactéries de l’intestin des ellagitannines. L’un des principaux résidus de cette digestion est l’acide ellagique (EA) qui conduit à l’urolithine A (UA),

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un phénol qu’on retrouve à des concentrations relativement élevées dans le sang et dans les urines quand on a mangé une grenade si tant est que les bactéries colonisant l’intestin sont capables de « digérer » cet acide ellagique. Il s’accumule étrangement dans la prostate mais aussi dans les muscles sans pour autant perturber leurs fonctions. Certains auteurs ont prétendu que les urolithines seraient bénéfiques pour traiter certaines formes de cancers sans apporter d’évidence quant leur mode d’action. L’équipe du Docteur Johan Auwerx a minutieusement décortiqué le mécanisme d’action de l’urolithine A en utilisant le nématode Coenorabditis elegans comme animal de laboratoire modèle dont j’ai déjà dit quelques mots sur ce présent blog.

La première observation qui a été faite est que l’urolithine A mise chroniquement à la disposition des vers depuis l’oeuf jusqu’à l’état adulte prolonge de plus de 40 % l’espérance de vie du nématode, ce qui est considérable en soi. Comme on sait par ailleurs que l’un des premiers signes du vieillissement des cellules et de l’organisme par voie de conséquence est une dégradation progressive du métabolisme énergétique ces biologistes se sont penchés sur l’effet de l’urolithine A sur les mitochondries. L’urolithine A n’a pas montré d’effets notoires sur les mitochondries du nématode ni sur celles de foie de rat, beaucoup plus faciles à isoler et à étudier.

Pour tenter d’expliquer la raison pour laquelle les nématodes vivaient plus longtemps en présence d’urolithine A, l’équipe du Docteur Auwerx a alors examiné ce qui se passait au niveau des mitochondries du ver et ils se sont rendu compte que ce phénol activait l’élimination par les cellules des mitochondries défectueuses devenues incapables de produire de l’énergie. Ce processus est appelé autophagie et pour l’élimination des « vieilles » mitochondries il s’agit alors de mitophagie. Or une dégradation des fonctions mitochondriales et l’incapacité des cellules à s’en défaire sont deux marqueurs, si l’on peut dire, de la vieillesse. Sans entrer dans les détails (voir la publication relative à ces travaux, doi : 10.1038/nm.4132 ) non seulement l’urolithine maintient la robustesse et la capacité respiratoire des mitochondries tout au long de la vie du nématode mais favorise également l’élimination des mitochondries défectueuses lorsque le ver commence à vieillir. Une approche similaire réalisée avec des rats a montré que l’administration d’urolithine A augmentait les performances respiratoires des mitochondries musculaires bien que stimulant l’autophagie des mitochondries défectueuses.

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L’urolithine A semble donc un candidat prometteur pour le maintien des capacités musculaires chez les personnes âgées alors que toutes les approches consistant en des apports vitaminiques ou en protéines ne sont pas concluantes. Si l’urolithine A est bénéfique au niveau des muscles en maintenant une capacité respiratoire adéquate on peut également espérer qu’elle puisse être également bénéfique dans une approche des maladies neurodégénératives … Mais c’est un autre sujet.

Source : Nature Medicine

Voir aussi : https://youtu.be/Lf1vCyfaosE (source EPFL)

2 réflexions au sujet de « Manger des grenades c’est excellent pour la forme physique ! »

    • l’urolithine A se trouve dans le jus de ce qui est appelé le sarcotest de la graine, dans la membrane entourant ce sarcotest (rien à voir avec Sarkozy) et dans toutes les autres parties du fruit qui ne sont pas comestibles mais utilisées aussi en médecine traditionnelle. Cependant l’urolithine n’existe pas à l’état libre, les ellagitannines doivent être hydrolysées par les bactéries de l’intestin pour faire apparaître l’urolithine A. Il faut posséder dans la flore intestinale les bactéries capables d’effectuer cette hydrolyse.

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