Au menu de l’ordre du jour de la Commission Européenne cette fin de semaine, la reconduction de l’autorisation du glyphosate ou son interdiction en Europe … Les organisations non gouvernementales qui se sont donné pour objectif d’orienter idéologiquement les instances décisionnelles européennes se frottent les mains d’avance : enfin une agriculture propre sans cet horrible pesticide de la non moins horrible société Monsanto qui provoque(rait) des cancers.
Il y a deux problèmes dans cette affaire qui pourrait ruiner une partie de l’agriculture. D’une part l’allégation de l’OMS via le Centre International de Recherche sur le Cancer (IARC) de considérer le glyphosate comme cancérigène est fausse car il n’y a jamais eu d’évidence depuis près de 30 ans que le glyphosate provoquait des cancers en particulier chez les personnels exposés directement à ce produit et à sa formulation. L’affirmation de l’IARC est tout simplement fantaisiste.
L’autre problème est beaucoup plus préoccupant ! Une étude très sérieuse menée indépendamment de la firme Monsanto par des agronomes de l’Université du Kansas et supervisée par les Départements de l’Agriculture tant du Canada que des USA a évalué le coût de l’interdiction des désherbants en général et du glyphosate en particulier puisque c’est le pesticides le moins coûteux et le plus efficace pour contrôler les mauvaises herbes dites adventices dans les cultures.
Malgré le fait que les améliorations génétiques des plantes de grande culture ont permis d’obtenir des rendements très améliorés en l’espace de moins de 50 ans, les « mauvaises herbes » constituent toujours un problème majeur pour les agriculteurs.
L’étude s’est intéressée au maïs et au soja, deux grandes cultures importantes économiquement pour le Canada et les USA. Des essais en plein champ ont été réalisés durant 5 années sur des parcelles traitées ou non avant les semis par du glyphosate. Les semences utilisées étaient des variétés résistantes ou non au glyphosate. Les résultats obtenus sont indubitables. Pour le maïs, la chute de rendement observée est de 52 % et pour le soja elle est de 49,5 % sans « désherbage » systématique préalable.
Naturellement et comme on peut s’y attendre les écologistes ultra-politisés réfuteront cette étude puisque le rendement maximal obtenu est celui de sojas et de maïs résistants au glyphosate semés sur des champs traités avec cet herbicide au moment des semis. Néanmoins, il faut se rendre à l’évidence et se mettre à la place de l’agriculteur nord-américain. Si on lui interdit l’utilisation d’un désherbant il mettra tout simplement la clé sous le paillasson, les pertes potentielles ayant été estimées seulement pour le Canada et les USA à 43 milliards de dollars par an.
Les agriculteurs européens ne sont pas autorisés à cultiver des maïs hybrides F1 résistants au glyphosate mais ils utilisent cet herbicide pour préparer les champs dans une certaine limite qui ne détruit malheureusement pas tous les adventices. Les rendements des cultures de maïs en Europe sont de l’ordre de 30 % inférieurs à ceux obtenus couramment en Amérique du Nord dans des conditions optimales. Sans désherbant la seule alternative est de herser les champs à plusieurs reprises avant les semis (qui doivent être retardés) dans le but de détruire les adventices, une opération coûteuse en temps, en carburant et en matériel. La WSSA (Weed Science Society of America, société pour la science des adventices) insiste sur le fait que le désherbage mécanique est un pis-aller économique et environnemental.
Si la Commission Européenne interdit le glyphosate, elle signera l’arrêt de mort d’un des rares secteurs agricoles européens encore rentables, celui des céréaliers. Mais pas seulement car les adventices sont aussi un facteur loin d’être négligeable pour les rendements d’autres cultures comme les pois, les betteraves ou encore les fruits et légumes et les pommes de terre. Les agriculteurs européens et en particulier français doivent s’attendre à une décision calamiteuse de ces technocrates au service de la cause écologiste.
Source : http://wssa.net/wssa/weed/croploss/ Illustration : Kansas State University
Bonjour Jacques
La molécule du glyphosate est à présent dans le domaine public, et les génériqueurs ont mis leurs copies sur le marché. Monsanto™ ne doit plus gagner autant avec elle.
Peut-on imaginer que nos calamiteux pastèques soient tout bonnement manipulés par les firmes ? Une fois le glyphosate interdit, elles auront la possibilité de sortir de nouvelles molécules plus rémunératrices, et sans doute plus onéreuses pour les utilisateurs.
Peut-être sont-elles déjà prêtes ?
Cdt
E.
J’ai travaillé plusieurs années sur des cibles herbicides potentielles. Il s’agissait d’activités enzymatiques impliquées dans la synthèse de certaines vitamines. Un travail difficile, de longue haleine et coûteux pour espérer un résultat aléatoire dix à vingt ans plus tard … Le glyphosate a été découvert par hasard sans que l’on sache initialement qu’il s’agissait d’un herbicide. Aujourd’hui les firmes chimiques procèdent à des synthèses aléatoires puis effectuent des screenings haute fréquence avec des cultures de cellules végétales et quand il y a un « hit » c’est alors que le vrai travail commence. La mise au point d’un nouvel herbicide à partir d’un hit va nécessiter de nombreux travaux tant en synthèse chimique qu’en biologie au laboratoire puis en plein champ. Je doute qu’il existe aujourd’hui un herbicide aussi efficace et bon marché que le glyphosate … mais je peux me tromper.
Je ne suis en rien un spécialiste en matière de « cides » mais je trouve toujours étonnant qu’ils soient encore et toujours vus comme la seul et unique solution. Par curiosité, peut-être que c’est déjà le cas, allez visionner une ou deux conférences d’hervé coves, notamment sur la lutte biologique contre les pucerons. Certes, il intervient sur un domaine particulier, les framboises mais il a contribué à mettre en place des solutions alternatives aux traitements chimiques qui ouvrent des perspectives intéressantes. Elles ne sont pas l’unique solution, mais elles ont le mérite d’ouvrir d’autres voies.
L’IARC a des méthodologies douteuses; c’est un peu le GIEC de la médecine…
Tout est bon pour défendre la « cause » écolo-climatologique, y compris tirer des conclusions hallucinantes à partir d’études biaisées et par des raisonnements « approximatifs » pour ne pas dire délirants.