Je vais bientôt m’installer définitivement au Japon dans un petit village où le nombre d’enfants par femmes en âge de procréer dépasse toutes les statistiques du pays. Il y a presque autant d’enfants que d’adultes dans ce village perdu dans l’Océan Pacifique, au milieu d’une des réserves de la faune marine la plus étendue du monde, quelque chose comme deux fois la superficie de la France où les baleines à bosse, les dauphins, les orques et les tortues luth accompagnées de raies géantes et de requins baleines se côtoient dans l’harmonie des eaux bleues de cet immense océan survolées par des poissons-volants. On est pourtant au Japon, loin de la vie trépidante de Tokyo et de ses villes environnantes avec un grouillement de presque 40 millions de personnes toutes affairées, pressées, stressées, compressées le matin dans des transports en commun surchargés, commutant dans des gares canalisant des centaines de milliers de personnes venues des villes satellites et allant vers d’autres destinations.
Rien de tout cela dans cette île, et comme il n’y a presque rien à faire les couples se forment et font des enfants !
Ce n’est pas vraiment le cas par exemple à Nagoro, au sud-ouest de l’île méridionale de Shikoku. Pour en quelque sorte conjurer le sort implacable du vieillissement de la population de ce village, Tsukumi Ayano, après des années passées à Osaka, la deuxième grande conurbation japonaise, remplace les morts ou ceux qui ont quitté son village natal par des poupées aux dimensions humaines … juste pour donner l’illusion aux quelques 35 personnes restant dans ce village qu’elles ne sont pas seules. Tsukumi a 65 ans et elle est considérée comme une jeunette dans son village natal. Son père a plus de 85 ans et c’est le doyen du village. Quand elle est partie à Osaka il y avait encore 300 habitants dans ce village et quand elle est revenue y vivre une retraite bien méritée elle a imaginé qu’il fallait redonner vie à cet endroit en repeuplant ses souvenirs d’enfance avec des poupées qu’elle confectionne elle-même. Je ne suis jamais allé à Nagoro et il est vraisemblable que je n’irai jamais dans ce village mais en découvrant cet article du Guardian j’avais la gorge serrée, j’éprouve en effet une immense attirance pour le Japon depuis près de dix ans et je vais réaliser ce rêve d’y vivre, enfin… Je vous laisse découvrir ces images imprégnées de nostalgie et d’amertume trouvées dans The Guardian.
Première illustration : le centre d’affaire de Tokyo avec le Rainbow Bridge en premier plan.