Les différences entre les hommes et les femmes sont génétiques, c’est évident et personne ne peut prouver le contraire. La femme possède deux chromosomes X dont l’un est pratiquement inopérant car « silencieux ». L’homme possède un chromosome X qui n’est pas totalement « réduit » au silence et un chromosome Y codant pour un certain nombre de fonctions qui font qu’un homme est un homme et non pas une femme puisqu’il possède aussi un chromosome X. Jusque là il n’y a pas d’équivoque possible même si cette entrée en matière est un peu schématique.
Là où les choses deviennent plus compliquées c’est quand on examine le rôle de la testostérone sur le développement du cerveau durant la vie foetale. Les adeptes de la théorie du genre vont hurler et les féministes vont grincer des dents mais c’est un fait pour lequel les preuves viennent enfin d’être apportées car cette histoire de développement différentiel du cerveau selon que le fœtus est « mâle » ou « femelle » et qui faisait l’objet d’une hypothèse dite de Geschwing-Galaburda vient d’obtenir un support incontestable mais assez indirectement, il faut l’avouer. Les différences cognitives objectivement observées entre hommes et femmes sont en effet liées à la bilatéralisation du cerveau dont la manifestation la plus connue est l’aptitude à mieux se servir de sa main droite ou de sa main gauche pour écrire ou manipuler un outil. Mais il y a aussi les oreilles, l’acuité auditive n’est jamais identique pour les deux oreilles, et il en est de même pour la vue ainsi que pour les fonctions cérébrales liées à la maitrise du langage. Bref, les choses n’étaient pas toujours très claires puisque par exemple pour 95 % des droitiers, le langage est géré par le lobe frontal de l’hémisphère gauche alors que pour les gauchers ce pourcentage de gestion du langage par l’hémisphère droit tombe à 19 % et la prise en charge du langage est pour 20 % des gauchers bilatérale. Les deux hémisphères du cerveau sont reliés entre eux par des connections neuronales qui passent par le corps calleux et la maturation de cet ensemble complexe durant la vie foetale est influencée par le taux de testostérone circulant dans le sang du fœtus soit en provenance de la mère dont les ovaires sécrètent un peu de testostérone mais aussi et surtout du fœtus lui-même quand il s’agit d’un garçon. La production de testostérone est en effet en grande partie commandée par le chromosome Y puisque ce dernier a pour fonction première d’assurer la maturation des testicules qui produisent de la testostérone dès la vie foetale et la différence entre filles et garçons est suffisante pour aboutir à des différences de maturation du cerveau et donc des fonction cognitives latéralisées.
Une équipe de neuropsychiatres de l’Université de Vienne en Autriche a étudié deux échantillons de personnes en Allemagne et en Autriche, indépendants et suffisamment importants pour atteindre des certitudes statistiques sur le fait d’être gaucher ou droitier. Treize mille personnes ont été étudiées en deux groupes distincts. Ces deux études séparées ont abouti aux même résultats. Globalement, 7,5 % des femmes sont gauchères et 8,8 % des hommes le sont. La différence n’est pas vraiment convaincante mais si on affine l’analyse en se penchant sur les dates de naissance l’équipe de chercheurs de la Faculté de Psychologie de l’Université de Vienne s’est aperçu que nés entre février et octobre, 8,8 % des hommes était gauchers alors que ce pourcentage atteignait 10,5 % pour ceux nés en novembre, décembre et janvier, selon Ulrich Tran, principal auteur de cette étude parue dans la revue Cortex. Il ne faut pas s’arrêter sur les mois les moins éclairés de l’année mais rechercher plutôt la cause en amont, vers les mois de mai à août car la sécrétion de testostérone est discrètement plus importante chez la femme durant les mois d’été pour une raison encore inconnue. Or la construction spatiale du cerveau débute très tôt au cours de la vie foetale et une différence même infime du taux de testostérone influe sur cette maturation et la présente étude le confirme. On sait que la testostérone a pour effet de légèrement retarder la maturation de l’hémisphère gauche du cerveau durant le développement du fœtus et il n’y a qu’un petit pas à franchir pour en déduire que c’est donc bien la testostérone qui favorise cette plus importante apparition de gauchers selon la date de naissance puisque le gaucher est plutôt droitier en terme d’hémisphère cérébral.
Et on peut en déduire alors que cette même hormone peut avoir pour effet une différence dans les fonctions cognitives générales entre la femme et l’homme pour cette même raison malgré le fait que des études détaillées par fMRI n’ont pas pu montrer de différence significative pour la densité de matière grise entre les hommes et les femmes (voir le lien). Reste à démontrer que les gauchers sont « plus intelligents » que les droitiers pour les mêmes raisons. Je ne m’aventurerai pas dans ce domaine, étant moi-même gaucher, car on me taxerait de débatteur scientifique entaché de basse partialité.
Source : Universität Wien ( http://medienportal.univie.ac.at/presse/ )
http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0071275