Au cours des essais cliniques de validation d’un médicament les protocoles sont très stricts et conduits en double aveugle. Les sujets étudiés, souvent des volontaires rémunérés, et les expérimentateurs ignorent s’il s’agit de la molécule chimique ou d’un placebo. Tout est codé et ce n’est qu’à la fin de l’essai que les statisticiens découvrent qui a été traité et par quoi. Quand il s’agit d’essais objectifs, par exemple la disparition d’une tumeur ou la modification d’une formule sanguine, les réponses sont claires et non contestables mais quand l’essai est subjectif car accompagné d’un questionnaire auquel le sujet doit répondre, les choses peuvent vite devenir compliquées et à la limite impossibles à interpréter. C’est presque toujours le cas lors des études sur les effets secondaires que peuvent avoir de nouvelles molécules en cours d’étude et qui sont par définition inconnus et laissés à l’appréciation du sujet. La situation est d’autant plus alarmante qu’il est notoirement connu que les laboratoires pharmaceutiques ont pour mauvaise habitude d’ignorer les effets secondaires subjectifs et de ne faire apparaître que les résultats objectifs. Les exemples d’effets secondaires des placebo abondent ! Un article publié dans le journal Pain (douleur en anglais, voir le lien) a décrit les effets adverses des placebo dans 73 essais cliniques relatifs à trois classes de médicaments anti-migraines. Tout le problème résidait dans la quantification de l’effet adverse. Une autre étude portant sur 600 patients et la validation de trois médicaments différents anti-allergie montra que plus d’un patient sur 4 ayant reçu le placebo ressentait des démangeaisons, des malaises et des maux de tête. Ce type d’observation a conduit les autorités de santé britanniques à reconsidérer les effets de l’homéopathie et, stupeur et tremblements, les petites billes de glucose contenant des fractions de fifrelins de composés souvent non identifiés (et non identifiables) produisaient des effets adverses tout aussi indésirables que les même petites billes contenant 100 % de glucose. C’est d’ailleurs à la suite de la révélation de ces résultats que les traitements homéopathiques ne sont plus remboursés en Grande-Bretagne. Quand on en arrive aux statines on est en droit d’être sceptique. Les statines ont un effet avéré sur les personnes présentant un taux anormalement élevé de cholestérol et les effets adverses bien connus de ces produits sont ressentis par ces patients sous traitement de statines. Ces médicaments n’ont qu’un effet très mineur et à peine significatif sur les personnes dont le taux est considéré comme normal. Un taux de cholestérol total est considéré comme normal s’il se situe autour de 2 grammes par litre mais les normes, établies par on ne sait pas trop qui, indiquent qu’un taux de 2,4 grammes par litre est dangereux et quasiment pathologique. La différence n’est que de 20 % et subir les effets secondaires indésirables des statines pour atteindre une réduction aussi dérisoire ne justifie en rien la prise de ces médicaments. Or les fabricants de statines ont soigneusement omis de décrire dans le détail comment l’ampleur des effets secondaires étaient évaluée et quel était le réel bénéfice de la prise de statines en regard de ces effets secondaires. Bref, un flou artistique qui ne devrait pas avoir lieu d’être. Comme l’indique l’article paru dans PlosOne (voir le lien) la situation de flou est pire encore avec certains antidépresseurs et anti-asthme. C’est tellement peu clair qu’on de demande finalement si ces spécialités ont un effet réel et si, pire encore, elles ne sont pas mises sur le marché pour faire vendre d’autres médicaments atténuant leurs effets secondaires. Avec une manipulation évidente des « normes » relatives aux analyses sanguines et d’urine, on se trouve donc devant ce que l’on peut appeler le miracle de l’industrie pharmaceutique !
Source : Badpharma
http://www.painjournalonline.com/article/S0304-3959(09)00399-6/abstract
http://www.plosmedicine.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pmed.1001526#pmed-1001526-t004