Saumon transgénique : belle bataille en perspective !!!

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Après 18 années de patientes mises au point, le saumon génétiquement modifié pour grossir deux fois plus vite que naturellement va très probablement être autorisé à la vente par la FDA dans les prochains jours. Sur 150 millions de tonnes de poissons consommés chaque année dans le monde plus de 60 millions proviennent de l’aquaculture, l’un des secteurs agricoles dont la croissance est la plus rapide. A l’aquaculture en eau douce et en mer de poissons, il faut également ajouter les fermes de crevettes, une activité très lucrative. En dehors de l’Alaska et de quelques rivières d’Ecosse et d’Irlande, le saumon est essentiellement élevé dans des fermes marines. Cette véritable industrie génératrice de devises est d’ailleurs bénéfique puisque le saumon sauvage remontant les rivières pour aller frayer est en fin de vie et sa chair de mauvaise qualité. Enfin la pêche sportive au saumon sauvage est préjudiciable à la survie de l’espèce puisque les femelles prêtes à pondre ne sont pas relâchées comme le voudrait un code de bonne conduite du pêcheur mais gardées pour en déguster la chair et les œufs. En élevage captif le saumon atteint une taille commercialisable au bout de trois années et c’est la raison pour laquelle ce poisson, même d’élevage, reste encore couteux. Et c’est aussi pour cette raison que la société AquaBounty basée dans le Massachusetts a développé un saumon génétiquement modifié pour sur-exprimer l’hormone de croissance. Il ne s’agit pas d’un saumon capable de se reproduire mais d’un hybride issu du croisement d’un mâle sauvage et d’une femelle  génétiquement modifiée triploïde dont la descendance est stérile. C’est un peu le cas de figure du maïs transgénique hybride F1 dont j’ai parlé dans quelques-uns de mes billets. Comme pour le maïs, le saumon génétiquement modifié pour grossir plus rapidement, en dix-huit mois et non trois années, se reproduit donc très mal et il ne présente pas les performances musculaires nécessaires pour remonter jusqu’aux frayères au bout des rivières car il n’a pas passé la majeure partie de sa vie en eau océanique salée. Le saumon transgénique sur-exprime l’hormone de croissance de l’espèce de saumon appelé Chinook dont le gène a été introduit avec un promoteur correspondant isolé d’une anguille. Le génome du saumon de près de 40000 gènes a donc été modifié sur le promoteur d’un seul gène. Pas vraiment de quoi fouetter un chat ! Et pourtant les associations d’écologistes sont à l’affut de la décision de la FDA qui devrait donc statuer dans les prochains jours sur la commercialisation de ce saumon qu’on retrouvera sur l’étal des supermarchés avec une étiquette précisant qu’il a été génétiquement modifié, que ça peut être mauvais pour la santé, que la chair risque de ne pas avoir le même goût, qu’on peut attraper un cancer en le dégustant ou devenir sourd ou changer de sexe ou avoir une poitrine pousser si on est un homme et si on est une femme avoir la barbe qui pousse et l’apparition d’un pénis à la place du clitoris, qu’on peut voir des écailles (de saumon) pousser sur la peau, qu’on peut avoir une nageoire qui se met à pousser au milieu de la raie des fesses, que sais-je encore … Les associations écologistes en tous genres fourbissent leurs armes grotesques puisque l’introduction de ce saumon dans le commerce serait une première : le premier animal génétiquement modifié destiné à la consommation humaine. Or, en dix-huit années d’étude et dix générations de saumon transgénique, toutes les études réalisées prouvent que la chair de ce saumon est indiscernable de celle du saumon de l’Atlantique élevé dans des fermes marines. Afin de prévenir toute prolifération (improbable) de ce saumon et son croisement avec un saumon sauvage, l’aquaculture sera strictement effectuée dans des bassins aménagés sur la terre ferme sans communication directe avec l’océan ou une quelconque rivière, selon une exigence sine qua non de la FDA. Mais ce n’est pas suffisant pour les écologistes qui considèrent que ce saumon génétiquement modifié portera atteinte à la santé humaine et sur ce point il est intéressant d’établir un parallèle entre les tourteaux de soja (transgénique) importés des USA pour nourrir le bétail européen et une tranche de saumon (génétiquement modifié) dans son assiette. En vingt ans de retour d’expérience, on n’a pas été capable de détecter le moindre effet adverse sur le bétail nourri avec des tourteaux de soja génétiquement modifié, et pourtant on mange du bœuf nourri avec ces tourteaux, même en France, pays sauvagement opposé aux plantes génétiquement modifiées (on sait que le ministre actuel de l’environnement et de l’énergie a gaspillé son énergie personnelle pendant des années pour faucher des plantes transgéniques) … Il est raisonnable de penser que pour le saumon, et bientôt la truite et d’autres poissons, il en sera de même pour la santé humaine, une innocuité totale. Mais une belle bataille se prépare contre ce saumon et aussi contre le bon sens le plus élémentaire.

Source et crédit photo : The Telegraph

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