L’obésité, la maladie de ce nouveau siècle qui a commencé bien avant le premier janvier 2000 coûte au système de protection social américain la bagatelle de 120 milliards d’euros par an. Il n’y a pas de données précises pour le coût de l’obésité en France puisqu’il ne s’agit pas encore d’un mal national comme cela le devient en Espagne. L’ »épidémie » d’obésité est alarmante également en Grande-Bretagne et au Moyen-Orient. La recherche médicale est donc très active dans ce domaine pour les raisons financières évoquées plus haut.
Il y a deux explications à l’obésité : trop manger et un dérèglement hormonal. Trop manger peut provenir d’un mauvais signal du cerveau qui ne détecte pas ou mal la sensation de satiété, de faim ou d’appétit et dans ce cas on mange trop mais pourquoi le tissu adipeux, un des rares tissus du corps humain a posséder la faculté de grossir, met en réserve des graisses, deux questions apparemment liées mais qui en fait ne le sont pas. On a cru au début des années 60 avec la découverte de l’insuline que l’on pourrait expliquer aisément l’apparition de l’obésité chez un individu quelconque puisque l’insuline, outre le fait qu’elle régule le métabolisme du sucre, régule également le processus d’accumulation des graisses dans les cellules adipeuses. Le taux d’insuline sanguin croit quand on ingère des sucres sous quelque forme que ce soit et l’énergie en surplus que représentent ces sucres est alors stockée sous forme de graisses si la réserve de glycogène a atteint son maximum. C’est un peu compliqué mais le foie stocke le glucose sous forme d’un polymère, le glycogène, pour une utilisation ultérieure et la partition entre sucres sous forme de glycogène et graisses stockées dans les adipocytes est commandée par l’insuline. Je rappèle à mes lecteurs assidus que les graisses sont en grande partie synthétisées à partir de sucres et les graisses ingérées dans notre nourriture sont pour la plupart brûlées pour produire de l’énergie sous forme de sucre. C’est paradoxal mais c’est ainsi pour de simples raisons de régulation métabolique.
Enfin, une autre hypothèse plus simpliste est un dérèglement de la balance calorique auto-induite. Je m’explique pour mes lecteurs en surpoids qui refuseraient de comprendre. Quand on est en surpoids, on dépense plus d’énergie pour se déplacer, pour respirer, pour lacer ses chaussures, que sais-je encore. Essayez de vous déplacer pendant une journée entière avec un pack de 9 litres d’eau minérale dans chaque main, vous aurez vite faim ! Cette dépense d’énergie conduit donc à la sensation de faim et on mange plus qu’il ne faudrait, d’où cette conclusion (simpliste mais bien réelle) qui prétend que le surpoids induit automatiquement l’apparition de l’obésité.
En réalité, toutes les études réalisées sur les régimes à faibles calories, peu de sucres, ou peu de graisses – ou plutôt peu de sucres et des bonnes graisses comme l’huile d’olive vierge – et la combinaison d’exercices physiques ne sont pas concluantes en elles-mêmes probablement parce que l’apparition de l’obésité est multifactorielle et ses conséquences les plus connues, le diabète de type II et les maladies cardiovasculaires n’en sont qu’une manifestation secondaire. Parmi les facteurs strictement nutritionnels qui peuvent être évoqués il y a l’abus de sucres et en particulier de fructose, l’abus de graisses hydrogénées ou partiellement hydrogénées, deux constituants entrant communément dans la composition des plats industriels, des confiseries et de diverses boissons pétillantes ou non que je ne nommerai pas ici. Les facteurs psychologiques jouent également un rôle, le mal-être ou la dépression, le stress peuvent conduire à être rattrapés par un abus de nourriture, souvent de mauvaise qualité et contenant les ingrédients cités plus haut. Enfin, la sédentarisation et le manque d’exercice physique sont des facteurs favorisant la prise de poids. Mais pour chaque individu le tableau est différent et en dehors d’une prédisposition avérée, familiale ou hormonale (thyroïde notamment), le surpoids et l’obésité sont le résultat de plusieurs facteurs défavorables qui, combinés, aboutissent à cette pathologie. J’ai parlé de cette étude faite à Cuba il y a quelques jours sur mon blog, trop manger est une des premières causes d’apparition du surpoids, mais manger mieux est une des premières précautions à prendre.
Bon appétit.
Source : British Medical Journal