Nouvelle chronique tokyoïte # 1

En arrivant à Narita dimanche vers 13 heures locales, je n’avais jamais vu le hall de l’immigration aussi peuplé d’Américains, de Canadiens, de Coréens (j’arrivais de Roissy via Séoul) et de Chinois. Les services étaient submergés et des milliers de voyageurs s’agglutinaient dans les mauvaises files d’attente car le personnel semblait totalement débordé. Bref, il me fallut près d’une heure trente pour mettre les deux index sur une sorte de cellule de reconnaissance des empreintes digitales et me faire tirer le portrait par une petite caméra. Dans le hall des bagages, un amoncellement de valises en souffrance fit que les douaniers furent particulièrement laxistes en n’inspectant aucun bagage afin de résorber cet afflux inattendu de voyageurs. Il faut dire que c’est hanami et que tous les cerisiers viennent de fleurir partout et la beauté printanière y est peut-être pour une grande part dans cet afflux inédit de voyageurs. J’ai depuis plusieurs années mes repaires et je vais d’abord fumer une cigarette à l’extérieur avec mon cendrier de poche près de la gare des bus que je n’ai jamais utilisé en raison du coût prohibitif du voyage vers le centre de Tokyo. Je recharge ma Suica (c’est l’équivalent du Navigo à Paris) et je prend la Keisei puis la Sobu locale en arrivant à Funabashi. En presque deux heures de train je me retrouve à Suginami, un quartier ouest de Tokyo, comme si j’avais quitté cet endroit quelques jours auparavant. C’était un dimanche mais la vie dans cet immense agglomération ne s’arrête jamais, il y a presque autant de trains que durant la semaine, ils sont à l’heure, et les voyageurs ressemblent à des voyageurs de tous les jours, des jeunes filles en uniforme de leur école, des messieurs sérieux avec une cravate et des vieilles dames en kimono qui vont boire le thé avec des amies. Les autoroutes urbaines aériennes sont encombrées mais la seule différence à peine notable est qu’il n’y a pas de petits camions de livraison dans les rues. Le Japon vit vingt quatre heures sur vingt quatre et le dimanche est un jour comme les autres puisque le pays ne s’encombre pas de repos dominical, ce jour prévu à l’origine pour aller à l’Eglise dans les pays européens, mais qui va encore à l’église le dimanche, les gens préfèrent aller au supermarché ou dans un magasin de bricolage et ici au Japon aller quelque fois au bureau le dimanche pour terminer un travail n’est pas chose incroyable alors que les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées.

Note : Keisei et Sobu sont les noms de compagnies de train privées qui exploitent aussi des centres commerciaux construits au dessus des gares, ce qui est très pratique pour les usagers des trains qui ne sont pas obligés de prendre une voiture pour aller à des kilomètres dans des centres commerciaux déshumanisés perdus au milieu de nulle part.

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