Dans un pays où la corruption est un devoir national, à tous les niveaux, et je vais citer quelques exemples ci-après, le fait que le scandale qui ternit actuellement le PP de Mariano Rajoy induise une chute des bourses européennes est inquiétant. Ne serait-ce pas un signe du manque de confiance des milieux financiers à l’égard du gouvernement espagnol ?
Par exemple, il est courant en ces temps difficiles de ne pas déclarer un employé « à l’essai » pendant deux mois, de le payer en espèces et de le renvoyer après cette période d’essai sans préavis pour ne pas payer les charges sociales de 380 euros par mois pour un emploi non qualifié. Il y a tellement de jeunes au chômage que les employeurs sont sans scrupule et ont finalement institutionalisé cette pratique du travail au noir.
Pour l’immobilier, juste un exemple dont je ne connais pas les détails intimes mais qui est révélateur d’une pratique qui a sévi pendant des années en Espagne et ici aux Canaries. L’ancien maire de Santa Cruz de Tenerife, Zerolo, avait acheté à bas prix des terrains agricoles à San-Andres, petite bourgade faisant partie de la municipalité de Santa Cruz, allez sur Google Earth, vous trouverez. Aussitôt acquis ces terrains en bordure de mer ont été classés constructibles dans le cadre de la création de la plage artificielle de Las Teresitas à dix minutes en autobus du centre ville où il n’y a pas de plage. Le maire de l’époque a réalisé avec le soutien de quelques riches familles locales toutes impliquées dans des scandales politiques et immobiliers une opération titanesque consistant à apporter des millions de mètres cube de sable d’Afrique pour réaliser cette plage artificielle (d’ailleurs fort agréable) en aménageant routes d’accès et parking ainsi qu’un projet de somptueux hôtels pour attirer les touristes qui délaissent Santa Cruz au profit du sud de l’île. Mais si le financement de la plage a été à la charge de la ville, les terrains constructibles, dont une partie a été vendue à la ville au prix fort pour les aménagements annexes de la dite plage, sont, eux, encore vides de construction car le petit-fils du paysan qui avait vendu ces terrains s’est énervé et a déposé une plainte auprès du tribunal local. Les choses trainent et pour cause. D’abord l’appareil judiciaire est corrompu et ensuite Zerolo s’est fait élire sénateur en achetant les suffrages de nombreux électeurs et il en avait les moyens ! Deux années de suite, il s’est arrangé avec la loterie Once (l’équivalent des anciennes gueules cassées françaises) pour acheter le billet gagnant cash et ainsi blanchir le pactole qu’il avait accumulé avec son opération immobilière. Aujourd’hui ce triste individu jouit de l’immunité parlementaire en tant que sénateur.
Après, on s’étonnera que l’Espagne soit très malade, mais les marchés financiers ne se trompent pas et savent que remonter la pente et réduire le chômage ne se fera pas en un coup de baguette magique car la corruption gangrène l’ensemble de l’appareil de l’Etat, jusqu’à la famille royale éclaboussée par les escroqueries du gendre du roi.
Viva Espana !!!
jacqueshenry 