Le Teide est un strato-volcan de 3718 mètres d’altitude qui n’a rien à envier au mont Fuji (à quelques mètres près). C’est une sorte de gros cône qui a repoussé depuis 800 000 ans au milieu d’un gigantesque caldera appelée « La Canada ». Attention, rien à voir avec le pays dont l’emblème est la feuille d’érable, parce que le n de Canada doit être surmonté d’un tilde ou d’un squiggle selon qu’on est francophone ou anglophone. Donc, pour une bonne compréhension on pourrait dire que cette caldera s’appelle la Cagnada.
Lors de l’explosion qui eut donc lieu il y a près d’un million d’années, le gigantesque volcan dont les restes sont matérialisés par un demi cercle de falaises imposantes s’enfonça dans un océan de magma et fit déverser le dit magma pour une grande partie dans l’océan en s’effondrant en bloc dans ce liquide visqueux et très chaud. Au fond de la caldera, on voit encore quelques restes de ce que fut ce monstre gigantesque qui devait, selon mes estimations très personnelles, atteindre cinq ou six mille mètres d’altitude.
Bref, ce matin, par un début de journée particulièrement clair, sauf sur l’océan parsemé de quelques nuages tenaces venant du nord-ouest, ce qui est assez inhabituel, les deux filles, notre hôtesse et sa copine banquière chez LCL, ont entrepris l’ultime ascension du Teide depuis la gare supérieure du téléphérique qualité suisse qui nous propulse en quelques minutes à 3555 mètres d’altitude. C’est vrai, il y a une cabine téléphonique en haut qui indique que c’est la cabine téléphonique la plus haute d’Europe.
Il faisait moins deux degrés avec un vent de nord-ouest de 50 kilomètres par heure, de quoi décourager beaucoup de touristes de se soumettre à un tel pensum épidermique, nasal et ligamentaire.
Pourtant nos deux copines, munies d’un permis en bonne et due forme, délivrée par l’administration du parc national, ont courageusement affronté les rafales de vent glacé peu ou pas compensées par un soleil toxique pour l’épiderme, sont montées au sommet du volcan qui fait depuis la dernière expédition de Christophe Colomb vers les Amériques une grosse sieste bien méritée à en juger par les millions de mètres cube de lave et de basalte couleur chocolat qui se sont déversés au cours des récentes éruptions.
Cent quatre vingt trois mètres d’ascension, ça peut paraître une bagatelle … Elles ont mis deux heures pour monter et redescendre vers la gare du téléphérique qualité suisse et vite redescendre à la station de départ tout de même à 2100 mètres d’altitude.
J’attendais mon ami Pablo et les deux filles en bas, observant les autobus déverser des tonnes de viande blanche prêtes à aller affronter les ultra-violets et la température inhospitalière du sommet du téléphérique. Un spectacle que j’ai pu supporter grâce à la compagnie de quelques pipits de Berthelot effrontés à moins d’un mètre de moi cherchant de la nourriture du genre mie de pain ou poussière de gâteau que je n’ai malheureusement pas pu leur offrir.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai d’ailleurs pas dit, l’arrière plan de cette magnifique immortalisation de nos deux valeureuses alpinistes en herbe devant lesquelles je ne peux que manifester ma plus profonde admiration n’est pas de la neige, on pourrait le croire aisément, mais un mélange de minéraux variés et de soufre, surtout du soufre, car le Teide, quoique ensommeillé, déverse dans l’atmosphère plus de deux tonnes de toutes sortes d’oxydes de soufre chaque jour. Mais il n’y a rien d’affolant, le Teide émet seulement dix fois moins de soufre dans l’atmosphère qu’un super-tanker transportant 400 000 tonnes de pétrole de l’Arabie ou de la région vers les pays européens dont les Canaries. On peut dire que le Teide ne contribue pas vraiment au réchauffement climatique comme les activités humaines énergivores.
Je n’ose pas imaginer que ce volcan ait envie d’exploser un jour et quelles en seront les conséquences planétaires …
Gardons le moral, surtout quand on sait que l’Irlande vient tout simplement de se déclarer en défaut, un samedi, ça aide à faire passer la pilule, et en redescendant au niveau du plancher des vaches, apprenant cette nouvelle, je me suis posé la question suivante : quid de la France dans quelques semaines ?
Notes.
1- le pipit de Berthelot est l’emblématique figure de mon blog.
2- Le genre de câble qu’on voit sur la photo matérialise l’interdiction d’accès au cratère qui n’a rien à voir avec celui du Yazur selon les deux ascensionnistes, qui n’ont pas vu le Yazur (île de Tanna au sud du Vanuatu) et dont je conseille la visite à toute personne intéressée par les volcans.
3- Un porte-containers de 200 000 tonnes allant du Havre à Pointe-à-Pitre déverse dans l’atmosphère 80 tonnes d’oxydes de soufre outre, naturellement, il ne faut pas l’oublier, 1600 tonnes de gaz carbonique. Le Teide est donc tout à fait inoffensif !
4- A ce propos, je conseille à mes lecteurs de consulter cet article :